Cardinal Stepinac
LE CARDINAL STEPINAC: Martyr des droits de l'homme
M. Landercy
La perte de tant de prêtres se fait durement sentir dans le ministère pastoral. Beaucoup de paroisses n'ont pas de pasteur, et ce vide affaiblit la vie spirituelle des fidèles, à l'heure où les nouvelles conditions du pays les exposent à de grands périls religieux et spirituels. On attaque le clergé dans les journaux et on ne lui laisse pas la possibilité de se défendre. Tandis que la loi permet de critiquer le travail des ministres du culte, on enlève à ces derniers toute possibilité pratique de se justifier.

La presse catholique

La presse catholique est un autre point douloureux dans la vie de l'Eglise catholique. Sur environ une centaine de publications diverses qu'elle possédait avant la guerre, pas une ne paraît aujourd'hui.

Quand nous avons demandé l'autorisation de les faire paraître, tous les motifs possibles ont été mis en avant pour prétexter un refus. On a objecté le manque de papier. Or, au seul palais de l'archevêché, à Zagreb, on a confisqué plusieurs wagons de papier destiné à la presse catholique. Les imprimeries catholiques ont été, pour la plupart, fermées et tout travail leur est rendu impossible. On a tenté par tous les moyens d'entraver le travail de l'imprimerie nationale de Zagreb. Quand on a pu malgré tout la faire marcher, le directeur de l'imprimerie a été condamné à l'indignité nationale, et l'imprimerie, qui n'était pas sa propriété, a été confisquée. Il y a quelques jours seulement que, sur nos protestations, l'imprimerie nous a été rendue. La grande imprimerie à Ljubljana a été arrachée aux mains des catholiques. Celles de Mostar, Sibenik, Maribor et Sarajevo ont subi le même sort. On agit ainsi de façon systématique, d'après un plan arrêté d'avance contre la presse catholique. Et cependant la liberté de la presse est, pour l'Eglise catholique, une question d'où dépend le bien spirituel d'un grand nombre d'âmes. Comment la presse catholique pourra-t-elle vivre quand lui auront été enlevés les fonds, les imprimeries et jusqu'au papier?

Les séminaires

Les conditions ne sont pas plus favorables pour les Séminaires que l'Eglise a construits et qu'elle entretient au prix des plus lourds sacrifices. Par nos grands et petits séminaires ont passé des centaines et des milliers des meilleurs enfants de nos paysans, citadins et ouvriers, maintenant ecclésiastiques et laïques distingués dans tous les métiers. Aujourd'hui, ces Séminaires sont presque complètement paralysés et dans l'impossibilité d'atteindre leur but.

Quoique la guerre soit terminée, bien des Séminaires sont encore partiellement occupés par l'armée.

D'autres sont encore réquisitionnés, comme ceux de Zagreb, Salati, Split, Travnik, Saint-Vid, Ljubljana, Maribor, Sinj et ailleurs.

Le problème de l'éducation religieuse

Pour ce qui regarde l'éducation, le droit de l'Eglise catholique a reçu de nombreuses atteintes.

Tout d'abord au sujet de l'instruction religieuse dans les écoles. Dans toutes les écoles, l'instruction religieuse a été déclarée facultative, de sorte que celui qui la désirait devait en faire la demande. Nous devons reconnaître avec fierté que les parents catholiques ont voté par plébiscite pour l'instruction religieuse, dans toutes les écoles où leur avis fut demandé (3).

En Croatie, dans les diplômes de fin d'année, l'instruction religieuse est mise en dernier lieu, comme la matière la moins importante, après celles de deuxième ordre. De plus, dans toutes les écoles primaires et secondaires, l'instruction religieuse a été réduite de deux heures à une heure par semaine, alors que la nécessité de l'éducation religieuse augmente. Cette mesure entrave la liberté religieuse et la possibilité même de l'éducation religieuse. Dans les classes supérieures des écoles secondaires croates, l'instruction religieuse est tout à fait supprimée.

Cet acte a été motivé par le principe de la liberté de conscience. On ne peut pourtant pas comprendre pourquoi les autorités croates ont agi ainsi. Elles ont appliqué différemment le principe de liberté de conscience dans les classes inférieures et supérieures des écoles secondaires. La liberté de conscience doit avoir la même valeur aussi bien dans les classes inférieures que supérieures. Autrement, il arrive, comme dans ce cas, que la liberté de décision au sujet de l'instruction religieuse est laissée aux jeunes élèves des classes inférieures ou à leurs parents, tandis qu'elle est retirée aux élèves des classes supérieures. Parmi ceux-ci, ceux de dix- huit ans ont déjà le droit de vote et n'ont pas la liberté de conscience au sujet du choix de l'instruction religieuse. Celle-ci leur est, de fait, retirée au nom de la liberté de conscience.

3. 90 % dans le diocèse de Zagreb et de Djakovo, 80 % dans le diocèse de Split.

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