Cardinal Stepinac
LE CARDINAL STEPINAC: Martyr des droits de l'homme
M. Landercy
Les tribunaux qui ont prononcé ces condamnations à mort ont procédé d'une façon expéditive et sommaire; les prévenus n'ont pas su, le plus souvent, avant la séance où ils furent condamnés, quel chef d'accusation avait été porté contre eux; la plupart du temps, ils n'ont pas eu la possibilité de se défendre suivant les formes de la procédure, c'est-àdire en citant des témoins et avec l'assistance d'un avocat.

A cause de cela, l'opinion publique honnête et impartiale est donc en droit de dénier, à ces condamnations à mort de prêtres, la caractéristique la plus essentielle d'une décision judiciaire: la justice.

Qui peut prouver que tant de prêtres catholiques condamnés sont vraiment des criminels qui méritent la mort? Qui peut dire, que tous ceux-là ont été des "égorgeurs"? Ainsi, par exemple, au monastère franciscain de Siroki- Brijeg, tous les religieux présents dans le couvent ont été mis à mort - ils étaient 28 - bien qu'aucun d'eux n'eût jamais tenu un fusil et encore moins combattu contre les troupes nationales libératrices, comme on les en a accusés faussement et, nous pouvons l'ajouter, bien que presque tous fussent connus comme adversaires de l'idéologie fasciste.

Il y a eu des cas où des milliers de fidèles de tous rangs ont demandé, par pétition, aux autorités, de rendre la liberté à leurs pasteurs, dont ils se portaient garants; mais les condamnations ont frappé ceux-ci comme les autres. Il est donc évident que de tels jugements n'ont été prononcés, ni au nom du peuple, ni suivant la justice. Le sentiment naturel et chrétien de justice, qui est inné chez nos fidèles, ne peut comprendre ni admettre qu'on prononce contre quelqu'un une condamnation à mort parce qu'il professe une autre opinion politique, et sans qu'il ait commis, par ailleurs, aucun délit. Les lois de la justice sont au-dessus de toutes les conceptions politiques et gardent une égale valeur pour tous les temps et pour tous les hommes.

C'est au nom de la justice éternelle que nous élevons la voix devant tous, chers fidèles, non seulement pour prendre la défense de ces prêtres injustement condamnés, mais pour défendre aussi la mémoire de ces milliers et milliers d'autres victimes vos enfants et vos frères, qui, comme nos prêtres, ont été condamnés à mort sans avoir pu présenter aucune défense, contrairement à ce que tout Etat civilisé permet.

En prenant la défense de tant de prêtres, condamnés quoique innocents, nous ne songeons aucunement à défendre les coupables. Nous admettons qu'il y a eu des prêtres qui, égarés par la passion nationaliste partisane, ont péché contre la loi sainte de la justice et de la charité chrétienne, et qui, pour ce motif, méritent de répondre de leurs actes devant les tribunaux de la justice civile. Nous devons faire observer cependant que le nombre de ces prêtres est plus qu'insignifiant et que les graves accusations portées dans la presse et les réunions publiques contre le clergé catholique de Yougoslavie, font partie de la campagne tendancieuse qui cherche à tromper l'opinion par des mensonges et à faire perdre tout prestige à l'Eglise catholique.

Un grand nombre de prêtres se trouvent encore en divers camps d'internement, condamnés à de longues années de travaux forcés. L'évêque grécocatholique, le Dr Janko Simrak est même, jusqu'à ce jour, privé de liberté, tandis que nous sommes dans l'ignorance sur le sort de l'évêque Carevic (2).

Dans ces camps qui ne sont pas organisés pour un séjour prolongé et digne de l'homme, les ecclésiastiques manquent souvent d'une nourriture suffisante, et beaucoup d'entre eux doivent se livrer à des travaux dégradants pour la condition sacerdotale. La plupart du temps, il ne leur est pas permis d'assister à la Messe du dimanche, alors que les circonstances rendent cette permission possible, et encore moins de célébrer eux-mêmes le Saint Sacrifice, ce qui serait cependant une grande consolation et une source de profits spirituels pour eux-mêmes et pour un grand nombre de leurs compagnons de captivité. Ces internés n'ont même pas les moyens de se défendre et de prouver leur innocence. Leur seule culpabilité est qu'ils sont peut-être d'une opinion politique différente de ceux qui les ont condamnés. Outre cela, pour un grand nombre de prêtres qui ont été arrêtés par les autorités de l'Etat, nous n'avons pu savoir jusqu'à ce jour où ils sont. Les démarches et les recherches que nous avons faites n'ont abouti à rien. Toute trace de ces prêtres est perdue.

2. Mgr Carevic, évêque de Dubrovnik, fut assassiné et jeté dans un puits alors qu'il allait dire sa messe.

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