Cardinal Stepinac
LE CARDINAL STEPINAC: Martyr des droits de l'homme
M. Landercy
Ce principe, elle l'applique à tous les peuples et dans tous les pays du monde. Elle embrasse tous les peuples d'un même amour, car elle voit en chaque homme, un frère racheté par le sang du même Christ. Elle a à coeur, avant tout, le bien spirituel de ses fidèles; ce bien, elle le recherche et en a souci dans toutes les formes de la vie politique et économique que chaque nation se choisit librement.

C'est ce souci de votre bien spirituel à vous tous, nos très chers fidèles, qui nous inspire, à l'heure où nous vous adressons notre première lettre pastorale dans la "Yougoslavie fédérative démocratique". De ce bien spirituel, nous portons devant Dieu la lourde responsabilité. Conscients de cette responsabilité, nous désirons que les difficultés de l'après- guerre et les situations anormales, qui existent dans le monde entier et dans notre pays, soient aplanies le plus tôt possible. C'est dans ce but que nous nous adressons à vous dans cette lettre pastorale.

Avant même la fin des opérations militaires, le gouvernement central avait publié à Belgrade une déclaration solennelle selon laquelle il respecterait la liberté de conscience, la liberté confessionnelle et aussi la propriété privée. Le gouvernement de la Croatie fédérale, au début de son activité, a proclamé les mêmes principes, mais en ajoutant que, à son avis, les conditions existant au sein de l'Eglise catholique n'étaient pas satisfaisantes.

Nous avons, dès les premiers jours où nous pûmes entrer en contact avec les nouveaux dirigeants de l'Etat, insisté pour exposer aux autorités compétentes la position de l'Eglise catholique et ses besoins. Comme beaucoup de changements que le nouvel esprit avait amenés dans l'administration de l'Etat se trouvaient en opposition avec la situation et les droits acquis de l'Eglise, et par conséquent, étaient préjudiciables à votre bien spirituel, nos très chers fidèles, nous avons rappelé aux personnes compétentes que toutes les questions en litige entre l'Eglise et l'Etat devaient être réglées par un accord mutuel. Nous reçûmes, des plus hautes sphères du nouveau régime, la promesse que le gouvernement procéderait, en effet, de cette manière. La parole décisive, dans toutes les questions qui intéressent à la fois l'Eglise et l'Etat, appartient, pour ce qui est de l'Eglise, au Saint- Siège. C'est lui qui est le juge suprême dans tous les problèmes de la vie religieuse et ecclésiastique de tous les fidèles.

Nous avons, à plusieurs reprises, insisté par écrit pour qu'il nous fût possible d'exposer aux autorités compétentes le point de vue de l'Eglise dans toutes les questions que la vie du nouvel Etat avait posées pour le catholicisme. Nous n'avons jamais eu en vue, dans toutes les démarches, que le bien général.

Cependant, malgré toute notre bonne volonté et nos instances, les événements ont pris un autre cours.

Si nous considérons le développement des faits, la position où a été réduite l'Eglise et avec elle les inestimables valeurs spirituelles qui, pour des millions de fidèles, sont en jeu, nous sentons le devoir d'exposer ouvertement toutes les difficultés et toutes les misères dans lesquelles se trouve aujourd'hui l'Eglise catholique.

Tous, nous formons ensemble un tout spirituel, le Corps mystique du Christ, car comme dans un seul corps il y a plusieurs membres..., ainsi nous ne faisons qu'un seul Corps dans le Christ et nous sommes les membres les uns des autres (Rom. 12,5).

A nous s'adresse en ces jours l'émouvante exhortation de saint Paul que, confessant la vérité, nous continuions à croître à tous égards dans la charité, en union avec celui qui est le chef, le Christ. C'est de lui que tout le Corps reçoit cohésion et unité, les membres se prêtant un mutuel secours et remplissant chacun son rôle. Ainsi, le Corps grandit et se perfectionne dans la charité (Eph. 4, 16-17).

Les victimes dans le clergé

Avant tout, très chers fidèles, nous sommes contristés et inquiets du sort pénible et cruel de beaucoup de prêtres, les pasteurs de vos âmes.

Déjà, un grand nombre de prêtres ont péri pendant la guerre, tant par les faits de guerre que par les condamnations des autorités militaires et civiles qui étaient alors au pouvoir. Mais, quand les opérations militaires ont pris fin, les condamnations à mort des prêtres catholiques n'ont pas cessé pour autant. D'après nos renseignements, le nombre des victimes est de 243 morts, 169 internés dans les prisons ou les camps, 89 disparus, soit au total 501 victimes. A ce nombre, il faut ajouter 19 séminaristes mis à mort, 3 frères convers et 4 religieuses.

C'est un chiffre que l'histoire des peuples balkaniques n'a jamais enregistré, si haut qu'on remonte dans le cours des siècles. Et ce qui est le plus pénible, c'est qu'on a refusé à ces prêtres et religieux, comme à des centaines et à des milliers d'autres victimes civiles, ce qui est permis dans les pays civilisés aux pires criminels: la réception des derniers sacrements.

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