UN DES DEFENSEURS DES DROITS DE L'HOMME LE PLUS CONNU
L'Archevêque Stepinac fut un des premiers défenseurs des Droits de l'Homme et un des plus connus, durant la guerre et après. La BBC a cité sa déclaration contre le nazisme. Le Pape Pie XII, en exprimant sa gratitude aux médecins américains pour les soins donnés au Cardinal Stepinac, leur dit qu'ils avaient soigné le plus grand homme de notre temps. Le Cardinal Mindszenty, en visitant les U.S.A. disait au secrétaire privé de l'Archevêque Stepinac, avoir été encouragé par une lettre que lui adressa l'Archevêque de sa prison.
Sa déclaration prononcée devant le tribunal communiste fut classée parmi les documents les plus valables de notre temps dans la bibliothèque du Congrès Américain à Washington.
Dans sa lettre adressée au Cardinal Spellman, pour le remercier de l'avoir honoré en donnant son nom au lycée White Plains à New York, le Cardinal Stepinac lui disait, à lui et au peuple américain tout entier, qu'on ne doit pas avoir peur du communisme, qu'il comparait au colosse qui reste debout mais dont les pieds sont de glaise. (Dan. 2, 31 sq.)
Ajoutons que pour le vingtième anniversaire de sa mort, le 10 février 1980, la ville de New York a donné à une de ses places, le nom du Cardinal. Stepinac.
Mgr Stjepan Lackovic, ancien secrétaire de l'Archevêque Stepinac à Zagreb.
Allocution du Cardinal Seper (Rome, en l'Eglise de l'Institut ponti Saint Jérôme, le 10-2-1980)
"Il y a vingt ans que, en ce même jour, à 4 heures de l'après-midi, la grande cloche de la cathédrale de Zagreb annonçait à la ville et aux fidèles de Zagreb et de tout l'archevêché que le cardinal Alojzije Stepinac nous avait quittés. C'était un mercredi. Le dimanche précédent, il avait pu, avec beaucoup de peine, célébrer sa dernière messe dans l'église paroissiale de Krasic. Et depuis, son état s'était progressivement aggravé. Le 10 au matin, il demanda le sacrement des mourants, et ensuite, quand il entendit qu'on avait appelé les médecins, il dit alors: "Donnez- leur mes salutations, mais nous ne nous verrons plus." Et il en fut ainsi; vers 14 h 15, il rendait l'âme en disant: "Fiat voluntas tua! Que ta volonté soit faite !"
Je ne peux mentionner maintenant tout ce qui se passa pendant les jours suivants, jusqu'à l'inhumation, mais pour nous qui l'avons vécu, il nous est resté un profond souvenir de son deuxième transfert à Zagreb, quand on reçut la permission de l'inhumer dans la cathédrale. Le 12 février nous sommes arrivés vers 9 h 30 à la cathédrale. Toute la rue Bakaceva qui monte vers la cathédrale, toute la place devant la cathédrale étaient pleines de monde, de sorte que nous avons dû nous frayer un passage avec le cercueil. Et, quand on a introduit le cardinal défunt dans sa cathédrale, soudain s'est fait entendre un cri: "Le saint! Le martyr!" l'inhumation eut lieu le jour suivant.
Lorsque, en 1934, Alojzije Stepinac devint archevêque-coadjuteur, cela fit sensation. Agé seulement de trente-six ans, prêtre depuis quatre ans à peine, c'était le plus jeune archevêque du monde. Son prédécesseur, l'archevêque Bauer, me dit à ce moment- là: a Je suis convaincu de ce que c'est là l'oeuvre de la divine Providence. Les pourparlers au sujet du successeur, c'est-à-dire de l'archevêquecoadjuteur ont traîné en longueur pendant cinq ans, jusqu'à ce que se lève celui qui devait vraiment venir à cette place." Il est arrivé à cette charge à un moment difficile de l'histoire, en particulier de l'histoire croate. Difficulté qui a culminé avec la Deuxième Guerre mondiale et avec tous les changements politiques et sociaux qui ont suivi la guerre dans le monde entier. Il a assumé cette charge en étant bien préparé. Elève de l'enseignement secondaire, il était pensionnaire d'un internat religieux à Zagreb et fréquentait le lycée classique, une très bonne école. Ensuite il fit différentes expériences sur le front italien. Il mangea le pain des prisonniers de guerre ici, en Italie, en particulier à Nocera Umra. Après la guerre, il commença des études d'agronomie, expérimenta quelque peu la vie des étudiants, qui ne lui plut pas, et retourna au village. Ensuite, quand il se décida pour le sacerdoce, il partit à Rome, au Germanicum, qui était alors considéré comme le meilleur institut pour l'éducation des futurs prêtres, et c'était probablement vrai. Il fit ses études à l'université grégorienne.
Quand il revint à Zagreb après son ordination, il fut nommé cérémoniaire de l'archevêque. Mais les cérémonies lui donnaient très peu de travail, parce que ce n'était qu'un titre. L'archevêque le prit au secrétariat. Il acquit alors de l'expérience dans le bureau archiépiscopal, prit connaissance de la situation de l'archevêché de Zagreb. En outre, il travaillait beaucoup pour Caritas (Secours Catholique), visitait les pauvres dans leurs maisons, cherchait les malheureux de tous genres. Il fit aussi l'expérience de la pastorale, car il fut envoyé dans quelques paroisses qui étaient dans l'embarras et la difficulté, et il dut arranger les choses.
C'est pourquoi je dis qu'il était bien préparé, Dieu l'avait conduit et préparé de telle sorte qu'il était qualifié pour son ministère. Son service actif, pour ainsi dire, ne dura que douze ans, de 1934 à 1946. Mais cela suffit pour voir que l'homme qu'il fallait était venu à son heure. Il introduisit un nouveau style, disons de service épiscopal. Il ne voulait pas être un seigneur féodal. Il était un vrai pasteur, en contact direct avec ses prêtres et ses fidèles. Je ne peux énumérer ici tout ce qu'il a fait en tant que pasteur de l'archevêché de Zagreb, mais je voudrais rappeler une réalisation très importante: la fondation de nouvelles paroisses à Zagreb...