A l'occasion de votre heureux jubilé, Nous demandons au Dieu tout-puissant et éternel, qui permet le mal pour qu'il en naisse de plus grands biens, d'exaucer Nos voeux paternels: que par l'effusion de sa miséricorde, ce que vous semez ici en participant à la Croix du Christ, produise une abondante moisson de fruits et d'espérance, et qu'au milieu de vos dures épreuves une source secrète de pieuses joies entretienne votre résolution de mériter hautement de l'Eglise.
Souhaitant de tout coeur qu'il en soit ainsi, Nous vous accordons bien volontiers à vous, cher fils, à votre archevêque coadjuteur, à vos évêques auxiliaires, au clergé et aux fidèles de l'archidiocèse de Zagreb, la Bénédiction Apostolique, gage des secours célestes.
Donné à Rome, auprès de Saint-Pierre, le 14 juin 1959, de Notre Pontificat la première.
(s) JOANNES PP. XXIII.
En avril 1959, le Cardinal reçut une lettre du Père Jésuite Grafenauer qui le priait de bien vouloir couronner la statue de Notre-Dame de Fatima, destinée à Bieljina. La chose avait été prévue déjà du vivant de Pie XII, qui avait particulièrement autorisé le Cardinal à donner sa bénédiction et à couronner la "Reine de la Paix".
Le 31 mai, le Cardinal Stepinac célébra la Messe dans sa chambre devant la statue de Notre-Dame de Fatima et la couronna. Ce fut une fête modeste, silencieuse mais unique. Le Cardinal portait la mitre qui lui avait été offerte par les habitants de Krasic à l'occasion de ses vingt ans d'épiscopat, et la bague que lui avait offerte le Pape Jean XXIII.
Au soir du 3 juin, la statue fut emportée aussi discrèment qu'on l'avait amenée et arriva à Zagreb.
Dernière bataille avec les autorités communistes
Deux mois avant sa mort, il arriva au Cardinal Stepinac un autre événement douloureux.
Dès le début de 1959, peut- être avant, UDBA avait saisi certaines de ses lettres. Leur contenu avait été complètement déformé dans le sens qui convenait au Gouvernement. Celui-ci continuait ses attaques, accusant le Cardinal d'écrire contre le régime gouvernemental actuel.
Un jour d'octobre 1959, 50 agents de police encerclèrent le séminaire de Djakovo et le perquisitionnèrent à fond. Ils trouvèrent deux lettres du Cardinal qu'ils confisquèrent et, en partant, emmenèrent avec eux le Directeur Ciril Kos ainsi que deux Préfets et quelques séminaristes.
L'apprenant, le Cardinal dit: "... Ils ne s'arrêteront pas si Dieu Lui- même ne dit: "Cela suffit".
Au soir du 3 décembre, le facteur apporta au Cardinal une convocation à se rendre au poste de police de Krasic pour y témoigner dans le jugement contre le Directeur du séminaire de Djakovo et de ses collègues emprisonnés. Le curé l'annonça au Cardinal avec beaucoup de ménagement car il craignait pour sa santé défaillante. Le Cardinal d'ailleurs devait garder le lit. Mais il reçut la nouvelle avec calme et dignité.
; "Merci à Dieu, dit-il. Voilà longtemps que j'attendais l'occasion d'aller jusqu'au bout et de leur dire qncore une fois ce qui me pèse sur le coeur. Puisu'ils m'en donnent l'occasion, je vais tout leur dire. Je prie seulement Dieu de me donner la grâce d être en bonne forme et de ne pas me laisser emporter... In Te, Domine, speravi. Dieu ne va pas m abandonner maintenant et nous n'allons pas céder. Je ne peux pas y aller, continuait le Cardinal, mais je vais leur répondre, je vais leur dire pourquoi je n'irai pas."
Le lendemain, le policier en faction devant la maison était encore plus attentif que d'habitude pour voir quelle serait l'attitude du Cardinal, mais ce dernier ne sortit point de la maison. Alors les policiers épièrent chaque mouvement du curé dès que celui-ci sortait du presbytère, pour voir s'il allait s'énerver en les voyant ainsi le fixer avec défi; ils voulaient le dénoncer comme ils avaient déjà fait auparavant.