Cardinal Stepinac
LE CARDINAL STEPINAC: Martyr des droits de l'homme
M. Landercy
"Ce que j'ai l'intention de faire, disait-il, c'est de demander l'annulation du jugement et une déclaration attestant que les documents ont été falsifiés pour ce jugement, faux entièrement. Je me taisais mais je voyais clair. Je n'accepte pas ce jugement qui est la plus grande honte du XXe siècle. Si j'acceptais l'amnistie, cela signifierait que j'avoue une faute, or je ne suis pas coupable."

En cette année 1954, pour la fête du Cardinal et pour ses 20 ans d'épiscopat, les paroissiens proposaient une modeste fête. Le Cardinal essayait de les en dissuader, d'abandonner leur projet à cause des circonstances, mais le curé demanda de permettre ce petit signe d'amour envers lui car ses paroissiens y tenaient beaucoup. On décida de fixer, à ce même jour, la Première Communion des enfants.

Dès la veille, la garde fut renforcée autour de Krasic. lle défendit même l'accès de l'église à certains paroissiens.

Après la Messe, on avait préparé,devant l'église le petit déjeuner des premiers communiants. C'était le seul emplacement laissé libre par la milice.

A la sortie de l'église, les fidèles adressèrent leurs voeux au Cardinal et le curé fit un petit discours chaleureux. Il y soulignait que tout leur espoir est en Dieu, qu'il faut beaucoup prier, tous, y compris les petits enfants et les jeunes.

Comme cadeau, on offrit au Cardinal, une mitre faite dans le costume national de sa mère et brodée par des Soeurs de Charité. Presque tout le monde avait les larmes aux yeux. Mais nombreux aussi étaient ceux qui tremblaient au souvenir des moyens qu'ils avaient dû employer pour venir à l'église, au travers des gardes renforcées, en sautant par- dessus des clôtures, en traversant la rivière Kupa avec de l'eau jusqu'aux genoux. Le peuple se sentait impuissant mais restait calme.

Toujours les tracasseries policières

Le photographe, venu expressément de Zagreb, fut empêché par la milice de prendre des photos.

Aucune lettre de voeux en provenance de l'étranger ne parvint au Cardinal ; toutes étaient saisies.

Par la suite, la milice continuait à rendre la vie amère aux paroissiens. A la kermesse de la Saint-Jean, l'église fut, à nouveau, encerclée par la milice. On entendait les gens faire leurs commentaires: "Voilà la "liberté"! Quelle honte! que de persécutions !" Une femme du peuple, s'adressant à un milicien qui ne voulait pas la laisser entrer à l'église: "Vous voulez détruire Dieu? Bientôt vous ne serez plus là mais la foi survivra."

Lors des confessions du Carême 1955, les prêtres des villages voisins voulaient donner un coup de main au curé de Krasic. On leur avait défendu l'accès de Krasic mais ils passaient outre.

- "Vous n'avez pas le droit d'aller chez Stepinac", leur dirent les gardes.- "Nous n'allons pas le voir, nous allons à l'église." - "Vous n'avez pas le droit d'aller à l'église." - "Que faites-vous de la loi sur le statut juridique des communautés religieuses?" - "Il est valable partout, sauf à Krasic."

Des mesures extrêmement désagréables pour les prêtres se multipliaient. On les empêchait d'aller, le JeudiSaint, chercher les Saintes Huiles chez le curé de Krasic qui était aussi doyen.

Après Pâques, on ordonna au curé de Krasic de couper les buissons qu'il avait plantés près de la grille en fer dans la cour de la paroisse. Le curé expliqua aux autorités que les gardiens avaient une conduite tellement outrageante et vexante envers le Cardinal, qu'ils n'arrêtaient pas de le fixer quand il se promenait dans la cour, qu'ils l'imitaient en faisant des pas parallèles aux siens et que c'était pour protéger un peu le Cardinal de ces vulgarités, qu'il avait planté ces buissons. Mais le curé fut quand même obligé d'enlever les buissons. Depuis lors, il fut convoqué trois fois à UDBA où on l'attaqua grossièrement et où on le menaça.

A l'automne 1956, la garde fut encore renforcée à Krasic. Personne ne devait venir voir le Cardinal, qui se rendait bien compte qu'on faisait tout pour le décourager, pour le faire céder ou partir. Il demandait à Dieu de lui donner la force de tenir et de ne pas extérioriser ses craintes. Sa sérénité devait être aussi la force transmissible aux fidèles qui avaient tous les yeux fixés sur lui.

Au cours de ses promenades, certains de ses gardiens s'approchaient si près de lui qu'ils lui marchaient sur le pied; ils se moquaient de lui de tout près et l'empêchaient de parler au curé. Quand le curé, outré d'une telle conduite, voulait leur répondre, le Cardinal le calmait: a Nous ne devons pas haïr. Lui aussi est une créature de Dieu. Pardonne- lui, ô mon Dieu, car il ne sait pas ce qu'il fait."

Une seule fois, cependant, le Cardinal, en rentrant de la chapelle Saint-Jean, rencontra un de ses frères et ils s'arrêtèrent un moment. Aussitôt, son gardien se précipita en criant, et s'adressant au frère du Cardinal: "Qui êtes-vous" - Mgr Stepinac se retourna et répliqua d'une voix forte: "N'ai- je même pas le droit de parler à mon frère?"

Mais il se repentit de cette faiblesse, en regrettant de s'être laissé emporter au lieu de répondre doucement. Les mesures policières étaient telles qu'on ne laissait même pas entrer à l'église les personnes nées à Krasic mais qui n'y habitaient plus.

En octobre, on vint chercher le Cardinal pour aller voter. Alors, il leur dit:

"Aussi longtemps que la milice flanquée de ses matraques, chassera les fidèles qui veulent entrer à, l'église, et aussi longtemps qu'on marchera sur les pieds du Cardinal Croate, je ne peux pas participer à un tel vote car cela signifierait que j'approuve de tels procédés."

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