A ce moment arrivaient l'Evêque de Djakovo qui avait reçu le message à temps, puis l'Evêque Salis avec le curé Vranekovic.
Tout se passa bien.
Les gens, apprenant, par après, ce qui s'était passé, disaient sur un ton triomphal: "Ils ont défendu à un Evêque de conférer le sacrement de Confirmation, alors, on en a eu trois "
Nommé Cardinal
Le 3 septembre 1946, Pie XII avait reçu en audience particulière des étudiants italiens et croates. A la vue de ces derniers, le Pape avait laissé échapper un soupir:
"Notre pauvre Croatie!" - "Oui, Saint- Père, répondirent les étudiants, nous souffrons beaucoup dans notre Patrie et à l'étranger." - "Nous savons tout, a continué le Pape, mais vous êtes heureux d'avoir à Zagreb, un Evêque courageux et intrépide. C'est un véritable apôtre. hIous le connaissons bien... Il est très pieux et fidèle."
Quelques années plus tard, quelques Croates étaient encore en audience chez le Saint-Père. L'un d'eux demanda naïvement:
"Saint-Père, quand est-ce que notre Archevêque deviendra Cardinal?" Avec un sourire radieux, Pie XII répondit: "Vous n'avez pas de Cardinal, mais vous avez un saint."
Toutes ces paroles montrent dans quelle estime Pie XII tenait Mgr Stepinac. Il le prouva au prochain Consistoire.
Le 29 novembre 1952, un journaliste du journal brésilien "O Cruzeiro ", L. Garneiro, entendit de la bouche du Nonce Oddi à Belgrade, et ensuite à la radio, la nouvelle de l'élévation de l'Archevêque Stepinac à la pourpre cardinalice. lI sauta dans le premier train en partance pour Zagreb afin d'être le premier sur les lieux. A la gare de Zagreb, ne connaissant pas un mot de croate, il sauta dans un taxi en disant: "Stepinac!" Le chauffeur lui jeta un regard radieux et dit: "Bien." Il l'emmena à Krasic.
Apprenant la nouvelle et devant répondre à ce journaliste sur ses intentions, Mgr Stepinac dit simplement: "Faire mon devoir comme avant. Mon comportement n'a pas à changer."
C'était dimanche. Le Cardinal célébrait la Messe de midi. Pendant l'Office, les communistes organisèrent un meeting devant l'église, attaquant farouchement le SaintSiège et le clergé.
Cependant des télégrammes de félicitations arrivaient de partout.
L'Archevêque vit bien qu il ne pourrait pas aller à Rome pour le Consistoire de sa promotion. Il était trop incertain de pouvoir revenir au pays. Sa place était en Croatie, donc il y restait.
Le journaliste de l'Associated Press qui était venu le visiter trois ans plus tôt, à Lepoglava, vint cette fois à Krasic pour voir le nouveau Cardinal.
"Pensez-vous, lui demanda-t-il, qu'il puisse exister une collaboration entre l'Eglise et l'Etat, puisque le Gouvernement fait tout pour éloigner la jeunesse de l'Eglise?"
"C'est une grave question, répondit le Cardinal, c'est une lutte constante et toujours latente. Dites à tous que, dans cette lutte, l'esprit vaincra, non la matière. Jamais dans l'Histoire de l'Humanité, le matérialisme n'a pu se maintenir définitivement. Un Etat qui est basé sur des principes matérialistes, ne geut durer."
Dans la presse yougoslave, par contre, les attaques se multipliaient sous toutes les formes, articles calomnieux et caricatures odieuses du Saint-Père et du Cardinal Stepinac. Le Gouvernernent organisait des manifestations et des meetings dans le même sens.
Le 17 décembre de la même année, Mgr Stepinac apprenait que le Gouvernement yougoslave avait rompu ses relations diplomatiques avec le Saint-Siège.
Plus que jamais, la milice défendait aux gens de venir à Krasic. Déjà depuis le 26 décembre 1952, tous ceux qui essayaient d'y aller, étaient renvoyés. Constatant que personne ne venait plus le voir, le Cardinal commenta: "J'étais tout seul à Lepoglava, alors je pourrai aussi l'être ici."