Cardinal Stepinac
LE CARDINAL STEPINAC: Martyr des droits de l'homme
M. Landercy
Mais en 1956, il apprit que dans certains Evêchés, un assez grand nombre de prêtres avaient adhéré à l'Association créée par le Gouvernement. Il fut alors pris de doutes sur son propre jugement jusqu'en juillet de la même année où le Pape Pie XII publia une lettre apostolique confirmant la justesse d'une telle attitude. Il fut alors entièrement rassuré.

Les prêtres de l'Association payaient tout de même des impôts inférieurs à ceux des autres prêtres. Le curé de Krasic devait payer l'impôt le plus élevé. Quand il se plaignit auprès des organismes compétents, on les lui augmenta encore. Mgr Stepinac disait tristement: "C'est votre impôt, mais je sais que c'est à cause de moi."

L'impôt exigé du curé de Krasic augmentait sans cesse. En novembre 1954, on lui demanda 400 000 dinars. C'était totalement injuste et le curé était dans l'impossibilité matérielle de payer une telle somme. On vint alors saisir ses biens, les animaux domestiques, la vache, le veau, trois cochons et le vin... Mais, à la vente publique, personne ne voulait acheter ce qui appartenait au curé. Au contraire, les gens étaient scandalisés et proposaient leur aide. En juin 1959, l'impôt du curé de Krasic s'élevait, avec tous les frais, à 499 900 dinars; cet impôt était plus élevé que celui de l'Archevêché de Zagreb, toutes taxes comprises, la Cathédrale et le Séminaire qui s'élevait à 400 000 dinars.

Le curé se demandait si cet impôt ne signifiait pas symboliquement les "voeux " du Gouvernement à l'Archevêque; c'est en effet le 8 mai, jour de son anniversaire, que le curé Vranekovic reçut la feuille d'imposition. Le jour de sa fête, le 21 juin, le curé recevait l'information de la vente de ses biens. Pour le 24 juin, jour du jubilé de 25 ans de consécration épiscopale du Cardinal, tout devait être vendu avant 10 heures du matin.

Alors le curé décida de se plaindre aux Autorités supérieures du Gouvernement. La réaction fut immédiate: rien ne devait être vendu et, le 2 septembre, la commune lui permit de reprendre possession de ses biens.

Voyant l'échec de ses tentatives pour attirer les prêtres dans l'Association, le Gouvernement essaya l'appât de la Sécurité sociale. Mgr Stepinac comprit vite que c'était une nouvelle manoeuvre pour attirer les prêtres sous la domination du Gouvernement. Si certains prêtres passèrent de l'autre côté de la barrière, le grand nombre resta fidèle malgré les pressions.

Les nombreuses lettres

Pendant les neuf années de son séjour à Krasic, Mgr Stepinac, toujours d'après le témoignage du curé Vranekovic, répondit à environ 5 000 lettres: réponses aux problèmes des uns, explications, conseils, messages de consolation ou de compréhension, etc. Il essayait ainsi de sauvegarder la foi puisqu'il ne le pouvait pas par sa présence corporelle. Ces lettres tenaient lieu de véritables audiences. Il écrivait aux Evêques, aux prêtres, aux religieux et religieuses, aux étudiants catholiques et à bien d'autres.

Ses lettres sont l'expression de son âme si unie à Dieu, elles témoignent de son exquise sensibilité aux problèmes de ses correspondants, de son courage, de sa générosité et de son optimisme. Ces qualités de coeur, son amour pour le Christ, pour son Eglise, pour les âmes, pour sa Patrie et son peuple croate transpirent à chaque ligne. La lecture de ses lettres calme l'esprit, suscite l'enthousiasme pour les grands idéaux spirituels, console, élève, élargit l'horizon de la conscience. Echos de son âme, elles sont aussi le canal d'une richesse spirituelle.

Les prêtres et les fidèles attendaient impatiemment ses lettres si paternelles et si nécessaires en ces temps difficiles. Plus d'un prêtre a avoué: "S'il n'avait pas été là, qui sait comment on aurait tourné?"

Les tracasseries de la police

Mais il recevait des menaces de l'UDBA au sujet de son courrier. On voulait l'empêcher de communiquer ainsi avec l'extérieur. On le menaçait de laisser un policier en permanence dans la maison pour surveiller ce qu'il écrivait. Cela ne le découragea pas: a J'ai eu déjà cette expérience à Lepoglava ", disait- il.

Il ne pouvait pas envoyer de courrier par la poste, car la milice confisquait ses lettres. Il le faisait par l'intermédiaire de personnes de confiance. Le curé déclara que c'était un vrai miracle que les porteurs de ses lettres n'aient pas été découverts. L'Archevêque lui répondit qu'à chaque envoi de lettres, il prie beaucoup pour qu'elles arrivent à destination. Cependant, chaque fois que l'UDBA avait un doute - et cela se produisit pour le curé de Krasic - on déshabillait complètement la personne en question.

Trois jours après l'arrivée de l'Archevêque à Krasic, au sortir de la prison de Lepoglava, la milice défendit au curé Vranekovic de recevoir une aide quelconque des paysans. Elle empêchait aussi parfois - comme une certaine veille de Noël - le curé d'admettre dans son église des fidèles venus d'ailleurs et parfois de loin. Le curé de Krasic était ainsi exposé à de nombreuses brimades.

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