Cardinal Stepinac
LE CARDINAL STEPINAC: Martyr des droits de l'homme
M. Landercy
A la fête du Christ-Roi, le 25 octobre 1942, l'Archevêque s'est exprimé ainsi: "Que penser de ceux qui orgueilleusement lèvent la tête, comme si Dieu n'existait plus sur la terre!" On a immédiatement compris que ces paroles visaient le Führer, le Duce et Pavelic, que ceux-ci étaient ceux qui levaient orgueilleusement la tête. Mais dans le même sermon l'Archevêque va plus loin: "Tous les hommes et toutes les races sont les enfants de Dieu... Chaque peuple et chaque race, vivant sur ce globe, ont droit à une vie digne de l'homme. Tous, sans distinction aucune, qu'ils soient de race tzigane, ou toute autre, nègres ou Européens civilisés, ou Juifs méprisés, ou fiers Aryens, ont le même droit de dire: "Notre Père, qui êtes aux cieux..." Pour cette raison, l'Eglise catholique a toujours condamné, et condamne aujourd'hui encore toute injustice et toute violence qu'on commet au nom des théories de classe, de race ou de nationalité. On ne peut pas exterminer les tziganes ou les Juifs, parce qu'on les considère de race inférieure..."

C'est une évidente condamnation de Jasenovac, de Jadovna, de Dachau, d'Auschwitz, et de toutes les violences commises par Hitler et Pavelic, et surtout la condamnation du racisme. Plus encore: avec le racisme comme doctrine, qui divise les races en inférieures et supérieures et proclame les Allemands supérieurs à tous, Hitler forgea pour les Allemands le droit de dominer le monde comme "peuple dominateur" (Herrschervolk). C'est la condamnation de l'impérialisme et de tous les moyens employés pour le réaliser.

Stepinac condamne le totalitarisme

Le procureur affirme que l'Archevêque Stepinac était seulement partisan d'une réforme du système, mais qu'il n'était pas adversaire du système en soi.

Si ces extraits de ses discours n'étaient pas une preuve qui réfute l'affirmation du procureur, nous en trouverions une autre décisive dans ces paroles, par lesquelles l'Archevêque Stepinac termina son sermon à la procession du pardon, le 31 octobre 1943: "Je vois la question finale que vous, par milliers rassemblés ici, vous vous posez: Quel est donc le système préconisé par l'Eglise catholique aujourd'hui où toute l'humanité lutte pour un ordre nouveau? (Il s'agit, soit dit en passant, de l'ordre nouveau allemand, le Neue Ordnung.) Nous - poursuivit l'Archevêque Stepinac -, en condamnant toutes les injustices, tous les massacres des innocents, tous ies incendies des villages paisibles, toutes les exterminations des pauvres aux mains calleuses, en déplorant les souffrances et les privations de tous ceux qui, aujourd'hui, souffrent innocemment, nous donnons la réponse suivante: l'Eglise est pour l'ordre qui est aussi ancien que les dix commandements. Nous sommes pour l'ordre qui est inscrit non pas sur un papier périssable, mais de la main de Dieu dans la conscience humaine. "

En effet, après ces paroles, il n'est plus besoin d'expliquer que l'Archevêque Stepinac fut bien l'adversaire du système, et non seulement un partisan de sa réforme. Evidemment, il ne pouvait, par sa seule intrépidité, démolir ce système; mais par sa lutte et par son autorité, il réussit à obtenir le maximum en son pouvoir, c'est-à-dire à modifier pratiquement ce système. Ce maximum des possibilités il l'a atteint. Sans égard à leur confession, nationalité ou conviction politique, des Juifs, des Serbes, des Croates et des Slovènes, des résistants, des communistes et des antifascistes ont eu la vie sauve grâce à l'Archevêque Stepinac.

Y a-t-il quelqu'un qui, dans la situation tragique d'alors, n'ait pas considéré ces modifications comme le plus grand succès auquel on pouvait atteindre dans ces circonstances?

Dans l'alliance de plusieurs Etats et de plusieurs peuples, de millions et de millions d'hommes, dont aucun ne pouvait seul, mais seulement en association avec d'autres, détruire enfin Hitler et ses alliés, l'activité de l'Archevêque Stepinac représentait une participation relativement précieuse.

Que dois-je citer encore des sermons de l'Archevêque? Ils sont, en effet, très familiers à tous les citoyens et furent la principale consolation de ceux qui eurent la malchance de se trouver à Zagreb en ces temps difficiles de l'occupation, le ferme soutien de leur endurance dans la résistance, le bel espoir dans la chute de l'oustachisme et du fascisme, l'espérance en un avenir meilleur. Pour entendre ces sermons, on voyait accourir non seulement les fidèles, mais aussi ceux qui n'avaient pas l'habitude de fréquenter l'église. Ces sermons étaient chuchotés dans le peuple, de bouche à bouche, reproduits et répandus par milliers et milliers d'exemplaires dans les masses, et c'est ainsi qu'ils arrivaient même en territoire libéré par le maquis. Prononcés publiquement, les sermons de l'Archevêque devinrent un moyen efficace de propagande contre les oustachis, une sorte de supplément à la presse clandestine de l'opposition.

Relations avec Pavelic

Si, à la lumière de ces nombreux sermons et de l'activité de l'Archevêque Stepinac, on examine l'accusation, elle perd alors ses principaux griefs contre l'Archevêque, présenté comme un collaborateur, et s'évanouit complètement devant l'idéologie et l'activité anti-oustachiste du prélat de Zagreb.

Que peut, par exemple, signifier sa visite à Pavelic et à Kvaternik au commencement de l'occupation?

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