Cardinal Stepinac
LE CARDINAL STEPINAC: Martyr des droits de l'homme
M. Landercy

Plaidore de Me I. Politeo

II faut remarquer: 1. que par principe, Mgr Stepinac ne voulait pas se défendre, ni personnellement, ni par un avocat. 2. que tous les avocats qui se sont offerts à plaider pour Mgr Stepinac, ont été refusés par le tribunal, et 3. que c'est le Tribunal Suprême lui-même qui a nommé comme défenseurs de Mgr Stepinac Me I. Politeo (qui sous la dictature d'Alexandre plaida pour Tito) et Me N. Katicic (lequel a bien fait sentir dans son discours, par deux fois, qu'il parle comme avocat officiel).

Messieurs les Juges du "Tribunal Populaire Suprême".

Il y a seize ans, au moment où le fascisme se trouvait au sommet de sa puissance, quand notre ville de Rijeka (Fiume) était aux mains de l'Italie, la police italienne a arrêté dans cette ville un jeune ingénieur croate soupçonné d'avoir commis un délit politique. Après son arrestation, il fut transféré à Rome dans la prison Regina Coeli. Son vieux père, resté longtemps sans nouvelles sur le sort de son fils, s'adressa à moi, me demandant de me rendre à Rome afin de me renseigner au sujet de son fils en qualité d'avocat de nationalité étrangère. Etranger, ne connaissant pas l'atmosphère locale, je me suis rendu à Rome, où j'ai demandé à un jeune avocat de collaborer avec moi à cette tâche. Mais cet avocat italien me répondit: "Mon cher collègue, je suis fasciste et les principes fascistes m'interdisent de prendre la défense de quelqu'un qui serait suspecté d'avoir porté atteinte à l'Etat ou aux autorités fascistes".

Rôle de l'avocat de la défense

Telles étaient les moeurs en Itahe à cette époque, mais chose pareille n'existe pas ni ne doit exister dans la Yougoslavie d'aujourd'hui du moment que nous ne cessons d'invoquer le slogan: "Mort au Fascisme ", ce qui veut dire mort à tous les procédés fascistes, même à celui qu'a rappelé l'avocat italien dans le cas que je viens de mentionner. Cependant, nous autres, avocats croates de tendance libérale et démocratique, nous n'avons pas besoin de flétrir maintenant les principes fascistes, car pour nous ces principes n'ont eu aucune valeur et ne nous ont jamais contaminés.

Dès le début de notre carrière d'avocat, et certains d'entre nous bien auparavant, nous considérions qu'il était de notre devoir de répondre, dans les limites du possible, à l'appel des inculpés, sans égard à la qualification de l'incrimination, car en répondant par la négative à leur appel nous les aurions privés de l'assistance judiciaire, les exposant ainsi au danger d'être ou condamnés à la légère ou, s'ils étaient coupables, de se voir infliger une lourde peine, en un mot d'être victimes d'une erreur judiciaire, ce dont aucun procureur ni aucun juge n'est exempt. En apportant, avec notre défense, notre assistance à l'inculpé, nous aidons également le tribunal et collaborons avec lui à la recherche de la vérité, conformément aux règles de la procédure judiciaire et à la saine conception de la Justice, conditions préalables d'un verdict équitable.

Il ne nous est pas permis de nous incliner devant les affirmations de l'acte d'accusation, si nous sommes arrivés à la conviction que cet acte est totalement ou partiellement erroné.

Le client: Mgr Stepinac

Mon client, Mgr l'Archevêque Alojzije Stepinac, est inculpé d'agissements criminels envers le peuple et contre l'Etat. Aussi je m'efforcerai, avec toute mon énergie, de me baser sur les principes ci-dessus évoqués, c'est-à- dire sur la Justice, la loi et sur une conception juridique correcte, en un mot sur l'équité. Je dois cependant reconnaître que ma tâche est assez difficile. Cette difficulté ne se trouve pas dans la gravité de l'acte d'accusation, mais en premier lieu dans le poids de l'autorité avec laquelle le procureur a soutenu son accusation, puis dans la psychose que tous nos journaux, par leur campagne systématique, ont créée chez une partie de l'opinion publique contre l'archevêque, sans que celui-ci pût présenter sa défense dans les mêmes journaux. Mon client a également compliqué ma tâche, en déclarant qu'il ne se défendrait pas et que, par conséquent, il ne répondrait pas aux questions que les juges lui poseraient. Cependant certaines de ces questions l'ont, contre son gré, forcé d'interrompre quelquefois son silence et de répondre. Ses réponses sporadiques et ses silences ont été interprétés par certains à son détriment. En effet, on a interprété son silence devant certaines questions comme un indice qu'il ne pouvait pas ou ne savait pas y répondre sans nuire à sa cause. Si l'Archevêque, au lieu de se taire, avait répondu à certaines questions, ses réponses l'auraient servi, car la vérité reste la meilleure défense.

Passons maintenant à l'acte d'accusation:

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