Cardinal Stepinac
LE CARDINAL STEPINAC: Martyr des droits de l'homme
M. Landercy
Les emprisonnements et les attaques contre les prêtres et les Evêques continuèrent.

Don Masucci écrit que les communistes s'en prennent sans arrêt à Mgr Stepinac comme étant "l'ennemi du peuple". Il ajoute:

"Les larmes n'arrêtent pas de couler dans le pays. Après le massacre de plusieurs centaines de milliers de soldats et de civils croates au début du régime communiste, les pendaisons et les assassinats sont devenus monnaie courante. Il n'y a personne qui ne pleure quelqu'un."

Proclamation de la République Yougoslave

Dans ces conditions très difficiles, après les élections (5), le 29 novembre 1945 la nouvelle Yougoslavie est proclamée République.

La veille de Noël 1945, on apprend à l'Archevêque que les communistes sont en train de recueillir des signatures en vue de sa condamnation à mort. Il dit alors à Masucci:

"Si cela arrive, informez le Saint- Père que je donne volontiers ma vie pour l'Eglise catholique."

Mensonges aux journalistes

D'après Don Masucci, en automne 1945, la Yougoslavie avait reçu, en visite officielle, des journalistes étrangers, cinq Anglais et six Américains. On les avait reçus en grande pompe et entourés de grand luxe pour limiter leurs impressions à ce que les communistes voulaient bien leur montrer. Aussi, en rentrant dans leur pays respectif, ils n'ont écrit que des éloges sur la Yougoslavie qui leur avait paru un vrai paradis. Alors, Don Masucci avait immédiatement prévenu le SaintPère de la véritable situation, des massacres, de la misère, de la famine et de la manière dont le pavs était gouverné.

Réplique de Randolph Churchill

De telles nouvelles ont provoqué un doute à l'étranger.

Elles ont incité Randolph Churchill, le fils de l'homme d'Etat anglais, à se rendre en Yougoslavie, où déjà il avait représenté son père, pendant la guerre, parmi les partisans. Il arriva en Yougoslavie en janvier 1946 et rendit visite à l'Archevêque Stepinac qui, étonné des questions du jeune Churchill sur la situation et sur la liberté en Yougoslavie, lui demanda, de son côté, comment il se faisait qu'il n'était pas encore emprisonné.

Randolph répondit que cela ne pouvait pas lui arriver... Mais, à sa sortie de l'Archevêché, une voiture de police l'attendait et on l'emmena à OZN-a pour un interrogatoire. Il y fut gardé quatre heures! (Voir son témoignage au chapitre XII.)

***

Dès janvier 1946, une voiture de l'OZN-a stationnait en permanence devant l'Archevêché, soi-disant pour "protéger" Stepinac. Ainsi l'Archevêque était comme en prison; la police le suivait partout. Il décida alors de ne plus sortir.

Les attaques des journalistes continuaient. Le 13 janvier, l'éditorial des journaux était une terrible accusation contre l'Archevêque, "le plus grand ennemi du peuple". On amena de force des gens pour les masser devant l'Archevêché, en signe de a démonstration ".

On continuait aussi à inventer des mensonges et à fomenter des accusations contre les religieux.

Arrivée de Mgr Hurley, représentant du Pape

La situation devenait intenable. C'est dans cet état de choses qu'arriva en Yougoslavie, le 30-1-46, le représentant du Saint-Siège à Belgrade, Mgr Joseph Patrick Hurley. Tito lui demanda de suite d'interdire tout apostolat à Mgr Stepinac et de nommer un autre Archevêque; sinon, ils seraient obligés de l'emprisonner.

Mais pour le Saint-Père, les raisons de Tito n'étaient pas valables: cet Archevêque plein de zèle apostolique était tellement aimé du peuple croate!

La statue de la Mère de Dieu de Bistrica

Au début de septembre 1946, Mgr Pavao Jesih organisa la marche symbolique de la statue de la Mère de Dieu de Bistrica dans plusieurs paroisses. Tout se passa relativement bien; nombreux furent les fidèles qui reçurent les Sacrements, qui prirent part à la procession et récitèrent le chapelet. Mais à l'arrivée au village de Klanjec où 5 000 fidèles qui avaient reçu les Sacrements de confession et de communion, attendaient la statue, la police s'interposa et enferma le curé et le Père Venceslav Basta. Le peuple protesta: ce fut un véritable soulèvement. La police fut obligée de demander au Père Basta de calmer les gens de sa fenêtre! On promit au Père de le relâcher. Mais dès que la population se fut dispersée, la police emporta en cachette la statue à Zagreb, où elle fut placée dans la Cathédrale sur l'autel de la Mère de Dieu. Quand on l'apprit à Zagreb, les fidèles vinrent en grand nombre réciter le chapelet et recevoir les Sacrements.

Peu de temps après, des criminels inconnus entrèrent de force à la Cathédrale, prirent la statue et la brisèrent en mille morceaux dans les rues.

Le Père Basta, malgré la promesse qu'on lui avait faite, fut de nouveau emprisonné; cependant on savait qu'il avait été anti-nazi et partisan pendant la guerre. On le condamna à 5 ans de camp.

L'Archevêque Stepinac décida qu'en réparation, il y aurait des cérémonies religieuses à la Cathédrale durant les mois de septembre et d'octobre. Chaque soir, on récitait le chapelet et les prêtres donnaient la Bénédiction du Saint-Sacrement.

5. "Le droit de vote était refusé à tous les Yougoslaves considérés comme des collaborateurs, ce qui permettait d'éliminer pratiquement tous les opposants au Parti communiste. "Milovan Djilas: Tito. mon ami, mon ennemi, biographie critique, Fayard, 1980.

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