On a enlevé au mariage son caractère sacré par la subordination au mariage civil. De tous temps, nos populations, élevées dans la foi chrétienne, ont considéré l'union de l'homme et de la femme dans le mariage comme un sacrement qui s'accomplit à l'église, devant l'autel. Aujourd'hui, on a aussi changé cela. Il est évident que la stabilité du mariage devant les autorités civiles sera autre que l'indissolubilité du mariage sacramentel.
De plus les autorités civiles annulent le mariage contracté dans l'Eglise catholique, et cela à son insu et contrairement aux prescriptions les plus nettes de la loi divine. Le nombre de ces mariages rompus est très élevé à Zagreb, dans ces derniers mois. Quelles seront les conséquences des lois nouvelles sur la vie de famille, qui est la cellule fondamentale de tout ordre social et du bonheur des peuples ainsi que des nations? Il est facile de l'imaginer! Combien d'enfants innocents seront privés du plus grand bonheur de leur enfance et de leur jeunesse: du foyer familial! On frémit d'y penser.
Contrôle de la "Caritas" (Secours Catholique)
Dans le ressort de son oeuvre charitable même, on oppose aussi à l'Eglise de perpétuels obstacles.
On connaît le bien qu'a fait Caritas de l'archevêché de Zagreb. Par elle plus de 7 000 enfants ont été sauvés, sans distinction de religion. Elle a envoyé à nos frères des régions qui ne peuvent pas se suffire, des dizaines de wagons de nourriture, sauvant ainsi des centaines d'hommes de la faim et de la mort. Elle s'est occupée de la nourriture de nos frères déportés dans les camps de concentration en Italie. Elle a nourri ces malheureux, même quand ils sont revenus chez eux, dans leur patrie. Aujourd'hui, Caritas a un commissaire national, car l'Etat n'a pas confiance dans son travail. Et le public sait pourtant très bien que Caritas a toujours régulièrement donné le compte rendu de ses encaissements et de ses dépenses, et ainsi justifié la confiance que le grand public lui avait octroyée.
Confiscation des biens de l'Eglise
La réforme agraire qui a été votée par la Chambre nationale provisoire constitue une grande injustice envers l'Eglise catholique. Les propriétés terriennes que possède l'Eglise catholique ont été acquises de façon honnête et légitime. Ces propriétés n'ont pas servi à l'Eglise pour l'acquisition prohibée de nouveaux biens. Grâce à elles, l'Eglise a entretenu ses serviteurs, ses séminaires diocésains et interdiocésains, ses Offices centraux. Ce n'est donc pas un petit nombre d'hommes qui ont été entretenus par ces propriétés, mais un grand nombre, pour la plupart fils de paysans ou de petites gens. De plus, les locataires de l'Eglise qui jouissaient de ces propriétés, s'étaient engagés par contrat à l'accomplissement des obligations fixées envers les donateurs de ces fondations.
De plus, combien de prêtres ont fait, pour la civilisation de ce peuple, de grands dons, voire des dons royaux et réalisé ainsi une oeuvre impérissable de culture et d'assistance sociale. Mentionnons seulement l'Université de Zagreb qui peut et doit compter parmi ses plus grands bienfaiteurs l'évêque Strossmayer, l'archevêque Mgr Bauer et le curé Zerjavic.
La réforme agraire enléve et soustrait à l'Eglise catholique, sans aucune indemnité, toutes ses terres avec tous ses biens agricoles, comme si l'Eglise les avait acquis illégitimement.
La part si minime qui lui est laissée ne peut pas suffire à entretenir les séminaires, les bureaux centraux des évêchés, les cathédrales, les églises paroissiales et tant d'autres églises.
Par cette réforme agraire est rendue impossible la vie régulière de l'Eglise, et ceux qui recevront une part infime des terres confisquées à l'Eglise sont beaucoup moins nombreux que ceux sur lesquels pèseront les nouvelles charges de l'entretien de ses Institutions et de leur personnel.
Pour justifier la confiscation des terres de l'Eglise, on s'est efforcé, dans les journaux, de les représenter comme mal cultivées et négligées; cependant, quand l'Eglise a voulu démentir cette accusation, les mêmes journaux n'ont pas publié un seul mot pour la défense de ceux qui étaient injustement accusés, car l'on sait bien qui a mis ces propriétés dans le triste état où elles se trouvent aujourd'hui. Ce n'est pas l'Eglise! Nous devons néanmoins, à cette occasion, souligner que l'Eglise ne s'est jamais opposée aux justes réformes sociales, même quand ses propres intérêts étaient en jeu. L'Eglise demande que, dans ces questions qui touchent si profondément à son organisation vitale, l'Etat n'emploie pas une méthode partisane de force et de dictature, mais qu'il s'entende tout d'abord avec elle, comme avec une partie égale et indépendante.