Cardinal Stepinac
LE CARDINAL STEPINAC: Martyr des droits de l'homme
M. Landercy
Témoignage de Mgr Stepinac à Ernest Pezet

L'écrivain français Ernest Pezet, vice-président du Parlement, visitait la Yougoslavie en octobre 1935. Etant rapporteur des problèmes d'Europe Centrale et Orientale à la Commission des Affaires étrangères au Parlement français, son but était de faire une enquête, déjà préparée à Genève, pour essayer de voir s'il était possible de reconstituer l'indispensable unité économique des Etats danubiens. A cette occasion, il s'amêta à Zagreb, pour y rencontter des amis, MM. Trumbic et Macek. A sa demande d'être reçu aussi par Mgr Stepinac, il fut invité à déjeuner par ce dernier, et ils restèrent à discuter longtemps.

Mgr Stepinac montra à son hôte des instruments de torture conservés dans son "Musée des horreurs" et lui expliqua la situation actuelle dans le pays:

"Moins de sang versé, me dit-il, en cent ans d'Autriche-Hongrie qu' en cinq ans de prétendu yougoslavisme par les gendarmes serbes..."

"Le moindre prétexte est plausible pour sévir; au cours d'une de mes dernières visites pastorales, il y a eu deux tués dans bagarre provoquée par la gendarmerie..."

"...Depuis le mémorandum de Mgr Bauer adressé au gouvernement Stojadinovic, des menaces multiples me sont adressées ainsi qu'à des prêtres catholiques. Il y a eu quatre tués à Taborsko; les violences et actes d'oppression sont innombrables..."

"La bonne volonté de Stojadinovic et de Korosec est indiscutable; mais ils sont débordés par l'aimée et la gendarmerie. Le chef de la Sûreté m'a avoué le 27 septembre: "Je suis impuissant devant les gendarmes." De même les sous- préfets..."

"Aucun prêtre n'est sûr de sa vie; il ne se passe pas de jour que l'un d'eux vienne se mettre sous ma protection..."

"Le drapeau croate? On nous le reproche? Mais ni les Evêques ni les prêtres ne le demandent c'est le peuple croate qui le veut. ll y voit le symbole de ses libertés opprimées. L'Autriche-Hongrie pourtant le tolérait..."

"Sous l'Autriche-Hongrie, 700 gendarmes suffisaient au maintien de l'ordre en Croatie; il y en a de 6 à 7.000 aujourd'hui! On argue de l'influence et de l'action du communisme: il est impossible en Croatie aujourd'hui..."

"... Mes visites pastorales, elles sont considérées comme une agitation politique. Mais qu'y puis-je? le diocèse de Zagreb est immense; il compte 1.700.000 habitants. Je dois faire des visites fréquentes. Si le prefet affecte d'y voir une action politique, encore une fois: qu'y puis-je?"

"M. Macek? Mais je m'efforce de ne pas le rencontrer; je ne l'ai même jamais vu! Je l'évite, et! pour manifester mon indépendance, j'ai quitté Zagreb, le jour des élections..."

"J'ai informé le Prince Paul de la situation. Il m'a dit: "Vous avez raison. Mais je ne suis pas seul et je ne puis pratiquement rien."

"Nous vivons en régime de suspects. La délation est partout. C'est le système turc perpétué à travers le régime serbe. La police, la gendarmerie: Un Etat dans l'Etat..."

"Un sergent cherchait à soudoyer une femme pour porter un pli. Quel pli? Une bombe. Et où la porter? Au palais épiscopal. "Tu seras riche, disait le sergent, si tu vas le porter." Procès-verbal fut dressé de l'affaire après déclaration et confrontation des acteurs de ce drame, heureusement avorté..."

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