La peur régnait. On interdit aux journaux de parler de cette seconde liste, et même de dire si elle se présentait ou pas. C'était le silence total de la presse à ce sujet.
Pour les croyants, les Evêques publièrent ensemble une déclaration dans la quelle ils exprimaient leur regret de voir le concordat refusé par le gouvernement yougoslave, et rappelaient les injustices commises envers l'Eglise catholique depuis 20 ans. Cette situation juridique toujours non réglée a de graves conséquences sur le plan de la scolarité et de l'éducation de la jeunesse. En effet, d'après la loi, on n'a plus le droit d'ouvrir des écoles confessionnelles et celles qui existent sont dans une situation difficile.
Les livres d'Histoire sont remplis d'informations esonées sur l'Eglise et sur l'Histoire elle-même. Dans les écoles secondaires, le catéchisme a été complètement supprimé, ou limité. Et ce, dans les régions croates traditionnellement catholiques.
D'autre part, l'Eglise catholique a perdu ses biens matériels (réforme agraire) qui servaient pour la scolarité des enfants de familles pauvres, ainsi que pour les hôpitaux où elle accepte tous les malades sans tenir compte de leur religion.
Les fonctionnaires, pour qui toute promotion était difficile s'ils n'étaient pas de religion orthodoxe, se voyaient contraints d'abandonner la religion de leurs pères.
Les femmes divorcées catholiques n'avaient pas les mêmes droits à la pension que les femmes orthodoxes; elles étaient donc contraintes à vivre dans la misère.
La censure des journaux catholiques et des déclarations des Evêques destinées au peuple, empêchait les catholiques de voir clair dans la situation. On était en train de bafouer les droits de l'Eglise catholique et de ses fidèles.
Le lendemain des élections, les journaux reçurent la permission de publier les résultats, mais seulement en tenant compte des électeurs qui avaient voté pour le gouvernement. Aucune nouvelle des résultats des élections dans les régions de Zagreb, nide Dalmatie, où justement l'opposition avait obtenu la majorité des voix! C'est seulement le 7 mai au soir, que les résultats furent publiés officiellement: 62,6 % , la majorité absolue, pour le gouvemement et 34,4 %, pour l'opposition... Personne n'osait rien dire, mais nombreux étaient ceux qui doutaient de l'authenticité de ces résultats...
Apres les élections, Mgr Bauer ne cessait de recevoir des plaintes venant de tous les coins de l'Archidiocèse contre le terrorisme, les actes criminels, les assassinats, et les emprisonnements pratiqués par la police...
Mgr Bauer alla à Belgrade se plaindre au Prince Paul et lui exposer tous les sévices qui avaient été comrois contre son peuple. Il lui remit un mémorandum.
"Pourquoi ces violences? dit Monseigmeur. Si quelqu'un est coupable, il doit être jugé personnellement, mais on ne peut employer des moyens de violence contre tout un peuple".