Mirko Tomasovic: Marko Marulic

Marko Marulic
Marcvs Marvlvs

Mirko Tomasovic

Les poèmes croates

En dehors de Judith, Marulic a écrit de plus un certain nombre de poèmes croates, qui sont restés à l'ombre de ce poème, bien qu'ils portent aussi témoignage de la valeur et de l'intérêt de son itinéraire poétique. Ces poésies sont surtout de propos religieux et didactique, avec quelques compositions patriotiques et satiriques. A cette partie de son œuvre appartiennent également les adaptations des prières de saint Bernard et de saint Bonaventure. Parmi les motifs religieux se détache la lyrique mariale, où l'on perçoit surtout la maîtrise des conventions médiévales, parce que, en célébrant la Mère de Dieu, on trouve, à l'occasion, des expressions originaires de la poésie des troubadours ou de l'éloquence spirituelle de Pétrarque. Du Canzoniere de Pétrarque, du reste, Marulic a traduit deux sonnets d'inspiration religieuse Poi che voi e io più volte abbiam provato et I' vo piangendo i miei passati tempi. Ses compositions croates majeures sont caractérisées par leur forme humaniste, par contre moins par leur caractère lapidaire et par la gradation caractéristique du sonnet, qui sont les signes de sa connaissance du procédé poétique.

Suzanne

Dans la foulée du succès de Judith, vraisemblablement, Marulic a écrit un autre poème biblique, Suzanne, de 780 vers sur l'aventure tirée du prophète Daniel; où l'on retrouve de marques de lyrisme: particulièrement inspirée est la description du Jardin, avec ses stylisations idylliques et la projection de l'utopique Eden de la Renaissance. Deux poésies de Marulic expriment la colère et l'horreur du poète préoccupé par la dévastation et la conquête de sa patrie; elles apparaissent souvent dans les anthologies et dans les livres de lecture croates.

La prière contre les Turcs

Dans La prière contre les Turcs, Marulic, dans une lamentation adressée à Dieu, et dans cette humble confession qui veut que les malheurs soient la conséquence des péchés commis, introduit les visions des destructions dues à la guerre, sa propre désillusion, le sentiment de sa propre impuissance. Cette composition soignée est constituée de trois parties (religieuse, patriotique, personnelle) et porte un message appuyé dans son acrostiche, qui exprime l'adage latin avec des lettres d'expression croate: " Solus Deus potest nos liberare de tribulatione inimicorum nostrorum Turcorum sua potentia infinita ". Trois vers de ce poème (57, 70-71) ont été cités par le pape JeanPaul II dans le discours d'adieu, à l'occasion de sa visite en Croatie le 11 Septembre 1994 (mettant en évidence que " dans des situations semblables à celles de ce jour, le père de la littérature croate Marko Marulic avait exprimé l'espérance chrétienne ").

La plainte de la cité de Jérusalem

La plainte de la cité de Jérusalem, dans la tradition du genre, est une complainte funèbre de la cité mystique, d'où émerge en surface l'inquiétude due à la discorde des chrétiens. Dans les dodécasyllabes à rimes doubles sont appelés par leurs noms et exhortés les pays européens, les villes et les gouvernants. Selon toute vraisemblance, cette poésie est proche de ce poème latin, connu seulement par son titre De pace Italiae carmen heroicum et a des points communs avec la lettre Ad Adrianum VI à tel point que nous avons l'impression que certaines parties du texte ont été traduites, ce que faisait souvent Marulic en utilisant des phrases déjà faites ou des expressions poétiques dans son double manuscrit.

Compositions en croate pour les religieuses de Split

Auteur d'écrits religieux sérieux et humaniste cultivé, dans ses trois compositions en croate, écrites pour les religieuses de Split et d'abord pour sa sœur Bira, il manifeste le sens de l'humour, en se jouant avec les genres poétiques conventionnels. Les arguties du discours, spécialement dans sa poésie Confession des religieuses sur les sept péchés capitaux, la structure en dialogue, l'emploi du huitain, au lieu du dodécasyllabe plus pesant, témoignent d'une certaine manière de l'ouverture de Marulic aux variations de style. Dans son poème Carnaval et Carême avec des éléments de mascarade et de mots d'esprit, on notera la rudesse du détail grotesque et la constance latente de la dynamique scénique. Que Marulic eût une propension pour la dramaturgie, La présentation de l'histoire de saint Panuce le montre: c'est une adaptation du drame ecclésiastique de Maffeo Belcari La représentation de saint Panuce. Deux textes semblables attendent encore leur définitive inclusion dans l'œuvre dramatique de Marulic, lorsque seront éclairés les derniers doutes sur leur attribution.

L´ŒUVRE DE TRADUCTEUR

Le caractère hétérogène et l'aspiration à l'universel, qui représentaient le signum temporis de l'humanisme, ont été à la source de la création littéraire de Marulic. Et pour cela, il faut tourner notre attention vers son œuvre de traducteur, encore peu étudiée, où son universalité se trouve associée à l'expression poétique. Il traduisait de nombreuses langues en diverses autres, des œuvres historiques, didactiques et poétiques. Plus précisément, du latin au croate, du croate au latin, de l'italien au latin, de l'italien au croate et vraisemblablement du croate à l'italien. Dans ce choix linguistique croisé, se sont trouvés Denys Caton, Valère Maxime, saint Benoît, saint Bonaventure, Thomas a Kempis, Dante, Pétrarque, pour ne citer que les noms les plus connus de son programme de traduction.

Marulic avait un sens délicat de la transposition, comme on le voit dans les mots qui accompagnent sa version latine de la poésie de Pétrarque, d'où il ressort que son rapport avec l'original est, d'une part respectueux, d'autre part, actif. On peut dire que pour le traducteur, ces textes, en considération de leur sens, l'invitent à la transposition, mais dans cette seule démarche, tantôt il est littéral de manière surprenante, tantôt il se montre assez libre, jusqu'à pratiquer la paraphrase et l'adaptation. Ces rapports hétérogènes et variables avec l'original étaient permis selon les conventions du temps.

L'Imitation de Jésus Christ

Quoi qu'il en soit, la traduction de L'Imitation de Jésus Christ par Marulic est caractérisée par la précision et l'exactitude, venant probablement du charisme et de l'importance de cet écrit regardé comme le " cinquième Evangile ". La traduction, cependant, s'affirme par sa qualité. Elle montre que Marulic domine parfaitement l'expression croate en prose, qu'il trouve les termes, les expressions et les formules adaptées à l'original latin, pour le style de Thomas a Kempis, et pour le riche vocabulaire de son œuvre originale.

La prose croate

Sur cette excellence de la prose croate de Marulic témoignent encore deux lettres, presque certainement de la dernière période de sa vie, à Katarina Obirtic (Alberti), adressées à l'abbesse du couvent où se trouvait sa sœur. La Préface de Judith est particulièrement ordonnée d'une manière intéressante, avec des connotations de sa poétique, si bien que Marulic contribue pleinement à la création, non seulement de la poésie croate, qu'on lui a reconnue depuis longtemps, mais aussi de la prose et de la dramaturgie.

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