... "D'une telle situation où sont bafoués les Droits de l'Homme, arrivent jusqu'à nous, Ies cris de la conscience de ce grand prophète des Droits de I'Homme que fut le Cardinal Stepinac. Car nous pouvons considérer, à travers son témoignage, ses oeuvres et ses paroles, que notre Cardinal est vraiment un prophète de la Iiberté de conscience, de Ia dignité des personnes et des droits de tout homme.
Au nom de la vérité, au nom de la justice et des droits fondamentaux des hommes, tout accusé a droit à être entendu comme aussi tous les hommes ont le droit de connaître la vérité. Pourquoi, dans la documentation qui est communiquée au public et qu'on répète constamment, ne publie-t-on jamais la plaidoirie de la défense de l'Archevêque? Nous ne connaissons pas les convictions personnelles de son défenseur au procès mais son avocat, malgré tout, l'a défendu non par souci de devoir professionneI imposé, ni par sympathie religieuse, mais parce qu'il avait Ia certitude de défendre la vérité. II a défendu l'homme avec une conscience ferme. C'est pourquoi la force de sa défense reste comme un témoignage inappréciable que l'Histoire reconnaîtra. Ses défenseurs ne I'ont pas défendu simplement par mandat officiel, ni pour sauver la face du procès, mais par conviction de conscience d'hommes qui voulaient être fidèles à la vérité.
Pourquoi a-t-on muselé cette vérité? Lorsqu'on transgresse la vérité, l'homme aussi est blessé. C'est pourquoi je considère comme un droit élémentaire de l'homme au nom de Ia vérité, au nom de ma conscience, que si Ies accusations se renouvellent constamment, il faudra, une bonne fois au moins, dévoiler Ia défense devant I'opinion publique, ou, si on a muselé Ia défense, il faudra aussi faire taire I'accusation. Car nous sommes tous profondément offensés dans notre humanité par cette accusation tendancieuse et fausse. La répétition constante de cette accusation blesse non seulement Ia personne et la mémoire de l'Archevêque de Zagreb mais aussi tous ceux qui voudraient connaître la vérité, toute la vérité de ses ceuvres et de ses paroles.
Jamais, de par le monde ni en quelque moment de l'Histoire, aucun procès juridique ne peut être considéré comme objectif et juste, si on ne laisse pas entendre l'accusé et si on ne permet pas aux avocats de la défense de faire leur office.
Cela touche aux droits élémentaires de l'Homme, droits avec lesquels il naît et meurt, et dont il doit jouir de son vivant et après sa mort. Ces droits que l'homme ne reçoit pas comme une aumône mais qu'il possède par nature. S'il y a un grief quelconque dans le cas de Stepinac, il ne peut y avoir que celui-ci : il était conséquent avec sa conscience de croyant jusqu'à la mort. Il y est resté fidèle à tout prix, prêt à mourir pour ses convictions.
C'est pourquoi, il était adversaire de toutes les idéologies qui renient Dieu et la destinée immortelle de l'homme. Il était pour l'homme et contre toute oppression. Il était contre tout ce qui, à ce moment si tragique de l'Histoire, portait le nom de Hitler ou de Staline. Des millions d'êtres humains sans défense, payaient de leur vie le simple fait qu'ils n'étaient pas d'accord avec les puissants du jour.
Mgr Stepinac a eu le courage, précisément à ce moment-là, d'élever la voix contre le mépris des Droits de l'Homme et contre l'oppression des personnes humaines.
Mais ce ne sont pas seulement les tortures et les massacres qui sont des crimes contre les Droits de l'Homme. C'est encore tout esclavage par lequel on bafoue la dignité humaine. Je parle sincèrement car le langage sincère est toujours honnête. J'obéis à la voix de ma conscience. Tous les peuples du monde n'attendent pas seulement la Proclamation des Droits de l'Homme mais leur application effective.
Les procès s'inscrivent dans l'Histoire d'une manière ineffaçable. Là où on a jugé et condamné des hommes intègres et innocents, on a condamné la conscience. Or ce cri de la conscience ne peut être étouffé par de faux semblants car il sort des profondeurs de l'être humain.
L'Archevêque Stepinac n'a pas mérité d'être, aujourd'hui et en public, considéré comme criminel.
291 C'est lui qui était prêt à mourir pour l'homme et qui a montré son amour pour l'homme. Ils savent bien cela les nombreux témoins qui ont profité de son aide, de ses interventions et de sa protection. Il ne faisait aucune discrimination, il ne partageait pas les hommes par nationalités, par idéologies ou par attachement racial. Car il était toujours prêt à défendre tous les persécutés et à leur venir en aide. C'est pourquoi, il a le droit d'être réhabilité."
Le grand jubilé de l'Eglise en Croatie
Dans la fidélité au
successeur de
Pierre
Par Mgr Paul Poupard,
Evêque
auxiliaire de Paris recteur de l'Institut
catholique
Avec un éclat exceptionnel et une ferveur communicative, l'Eglise de Croatie vient de fêter le onzième centenaire de l'échange des lettres entre le prince croate Branimir et le Pape Jean VIII. Comme l'écrit fièrement Mgr Franjo Kuharic, Archevêque de Zagreb et président de la Conférence épiscopale: "Cette époque était pour notre Eglise et notre peuple le temps de l'option décisive entre l'Orient et l'Occident, entre Constantinople et Rome. Le peuple croate, guidé par son prince Branimir et par l'Evêque de Nin, Théodose, a opté définitivement pour Rome. La fidélité au successeur de Pierre fut donc fortifiée et ne fut jamais plus mise en question.
Bénis par le Pape Jean VIII en 879 en la fête de l'Ascension, les Croates ont voulu, à onze siècles de distance, de nouveau recevoir du Saint-Père la bénédiction apostolique pour l'Eglise et le peuple croate. Fait émouvant et significatif, c'est un fils de la Pologne à bien des égards soeur de la Croatie qui les a accueillis dans la basilique Saint- Pierre. Jean-Paul II a présidé la concélébration avec les évêques en langue croate et les a bénis pour l'avenir.