Cardinal Stepinac
LE CARDINAL STEPINAC: Martyr des droits de l'homme
M. Landercy
Mgr Stepinac demandait qu'on célébrât des Messes pour les ennemis. Sa santé qui se dégradait toujours davantage lui permit de garder, avec beaucoup de peine, son mode de vie journalier jusqu'au dernier dimanche, 7 février 1960. Une grippe sévère, accompagnée de toux s'était cependant déclarée dès le samedi 6 février. Malgré cela, le dimanche, le Cardinal célébra la Sainte Messe, mais avec beaucoup de difficulté car il avait peine à respirer. La maîtrise de soi qui le caractérisait l'y aida mais il ne put évidemment pas prêcher.

Le Cardinal respirait de plus en plus mal. Une immense fatigue l'envahissait. Au prix d'un grand effort, il descendit encore dîner comme si de rien n'était, refusant qu'on le serve dans sa chambre. Il essayait même de plaisanter à table, disant que tout le monde lui trouvait bonne mine, et que même le médecin-chef disait que son coeur battait "comme une montre". Mais, ajoutait-il, je crois que cette montre va bientôt s'arrêter.

Lundi 8 février, il souffrait terriblement, pouvant à peine parler. Au matin du mardi 9, il avoua avoir passé la nuit la plus pénible de toute sa vie. "Si les médecins viennent, ils ne pourront plus guère m'aider..." Dès lors il eut constamment à son chevet quelqu'un de la maison.

Sa souffrance ne connaissait pas d'accalmie. Un peu après minuit, il demanda qu'on le changeât de linge; il ne pouvait plus le faire seul et il sentait, semble-t-il, ce qui l'attendait le lendemain. La maladie progressait rapidement.

Le 10 février 1960, un mercredi, il était couché, souffrant beaucoup. Il avait sans cesse les yeux fixés sur l'image de la Sainte Vierge. - Il refusa la piqûre que le curé voulait lui faire: "A quoi bon, disait-il, mieux vaut s'occuper de l'essentiel." Il se confessa et demanda au curé de lui administrer les derniers Sacrements, le Viatique et la Bénédiction papale.

Les personnes présentes s'agenouillèrent autour du lit en priant, mais on ne se doutait pas que c'était vraiment la fin. Le Cardinal, lui, le savait.

De suite après avoir reçu les Sacrements, il se sentit beaucoup mieux et put même parler à haute voix. Sa soeur Josipa pleurait. Le Cardinal l'encourageait, puis il l'envoya en riant préparer le déjeuner pour son mari et pour elle. Son mari, c'était son frère Alojzije qui le lui avait fait connaître voici quarante ans.

Mais à midi, l'épuisement l'envahit de nouveau. On appela d'urgence les médecins de Zagreb:

"Saluez-les sincèrement de ma part, dit le nal, je ne les verrai plus."

Puis il dit cinq fois "Deo gratias".

Vers 14 heures, les Soeurs commencèrent le chapelet à son chevet. Il faisait effort pour les accompagner mais sa respiration devenait de plus en plus difficile. De fortes contractions le secouaient. Il cherchait de l'air avec beaucoup de peine... Puis, avec un grand soupir:

"Ah!... c'est si difficile!.

Que soit béni le nom de Dieu... Fiat voluntas tua!"

"Il n'arrêtait pas de regarder l'image de Marie.

A 14 heures, il demanda qu'on lui passe le cierge allumé qu'il avait préparé et bénit le 2 février, cierge symbole de la lumière de la Foi pour laquelle il luttait jusqu'à la fin. Ses derniers mots furent:

FIAT VOLUNTAS TUA!

Puis, après trois ou quatre soupirs douloureux, Alojzije Stepinac, Cardinal de la Sainte Eglise Romaine, rendit l'esprit.

Dès qu'on apprit la nouvelle de la mort du Cardinal. tout le village de Krasic fut en pleurs et alla spontanément prier à l'église. Jean XXIII envoya un télégramme de condoléances et de sympathie à l'Archevêque coadjuteur de Zagreb. A Zagreb, les grandes cloches de toutes les églises se mirent à sonner pour annoncer la mort du Cardinal Stepinac.

Devant le refus du Gouvernement d'enterrer le corps à Zagreb, on fit des préparatifs pour une sépulture dans l'église de Krasic, là même où il passait des heures et des heures à prier devant l'autel.

Aux fins d'autopsie et de momification, les restes mortels du Cardinal furent d'abord portés à l'hôpital de Zagreb. Dès le lendemain, on retransporta le corps à Krasic où il fut exposé à l'église paroissiale. Mais, à la surprise générale, le 12 février, le Gouvernement accepta subitement l'enterrement dans la Cathédrale de Zagreb. Cette réaction fut tellement surprenante que Mgr Seper, Archevêque coadjuteur, y voyait le premier miracle du Cardinal.

Un Américain qui assista au départ de la dépouille mortelle du Cardinal pour Zagreb, déclara:

"Jamais de ma vie, je n'ai vu cela! Les gens accouraient de partout, des champs, des maisons, des vignobles, pour accompagner ce dernier départ." Le sculpteur, Mme Mila Vod, prit, nous l'avons dit, l'empreinte mortuaire du visage du Cardinal.

Pendant tout ce temps, depuis la mort du Cardinal, on voyait partout des militaires armés: on eût dit une mobilisation générale aux alentours de Krasic.

A Zagreb, tous les fidèles attendaient le convoi en pleurant et en priant. Lorsqu'on ouvrit le cercueil, dans la Cathédrale, tous purent voir le visage paisible et clair de leur Cardinal et spontanément ils le suppliaient: "Prie pour nous!"

La Cathédrale resta ouverte toute la nuit et elle était toujours pleine de monde.

Le jour des funérailles, le 13 février 1960, la Cathédrale était bondée; mais la police ne laissait pas entrer les gens de Krasic, pas même les membres de la famille du Cardinal y résidant.

Mgr Seper résuma, dans son éloge funèbre, la vie du Cardinal, passant en revue ses différentes périodes et soulignant qu'il était impossible de dire en si peu de temps tout le bien qu'on devrait dire de lui. Il lut aussi quelques extraits du testament spirituel de Mgr Stepinac.

Après l'Office, le cercueil fut placé dans la crypte, derrière l'autel principal, par les séminaristes de Zagreb.

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