15. Il s'est engagé aussi en faveur des Juifs avec toute son autorité. Dans la documentation du Saint Siège citée plus haut à la page 337, nous lisons un extrait de la lettre que le Dr. Weltmann écrivit le 11 juin 1943 au Délégué Apostolique à Istanbul Mgr Roncalli, qui succéda au Pape Pie XII et prit le nom de Jean XXIII. Le Dr. Weltmann était à Istanbul délégué d'une commission de secours en faveur des Juifs européens. Il écrit: "Nous savons que Mgr Dr Stepinac a fait tout son possible pour aider et faciliter le sort malheureux des Juifs de Croatie, dont le nombre, selon nos informations, ne dépasse pas aujourd'hui le chiffre de 2 500 hommes, femmes et enfants. Tous vous prions de vouloir bien communiquer à Mgr Stepinac nos profonds remerciements pour sa conduite et son aide et nous le prions de continuer par son haut prestige, son action de sauver nos malheureux frères, soeurs et enfants..." (ib., p. 337).
Procès monté
16. On élargirait trop cet exposé si on voulait citer les déclarations de l'Archevêque, les discours et témoignages en sa faveur. Ce fut l'affaire de la défense au procès, mais cette défense eut trop peu de temps pour rassembler toute la dacumentation et tous les témoignages qui auraient démontré que les faits n'étaient pas cependant tels que l'affirmait l'accusation.
Le procès lui-même fut accompagné d'une campagne véritablement furieuse contre l'Archevêque dans la presse publique, à la radio, dans les entreprises, sans qu'aucune voix ne pût souffler mot pour sa défense. On accusait "au nom du peuple"; on jugeait "au nom du peuple", mais ce peuple n'avait pas droit à une information complète.
Lorsque l'avocat Dr. Ivo Politeo dexnanda l'auditiom de quelques témoins importants de la défense, parmi les quels il y avait aussi des Serbes considérés, le procureur 6 a répondu: "Si on voulait en vertu de ces témoignages construire la défense, ce serait un véritable blasphème". Et l'avocat a courageusement répondu : "Vous avez dit: ce serait un blasphème. Je dis aussi que ce serait un blasphème si on interrogeait seulement les témoins à charge. Je vous mets en garde que la sentence, qui sera prononcée par le tribunal, est à instance unique, sentence contre laquelle il ne sera pas possible de faire appel. En outre, ma demande a une portée mondiale qui attire l'attention du monde entier. Et c'est pourquoi P je demande que les témoins soient admis" (Benigar: A. Stepinac, p. 590). furent refusés. S.E. le cardinal Franjo Seper a dit hier dans sa déclaration à la Radio Vaticane qu'il avait été aussi parmi ces témoins.
Nous déclarons ici à nouveau: si on répète constamment l'inculpation sans qu'on puisse jamais publier toute la documentation de la défense, on impose à celle-ci le silence total; alors un tel jugement n'est pas digne de foi.
17. En ce qui concerne les choix politiques de l'archevêque Stepinac: il n'appartenait à aucun parti politique. L'affirmation qu'il était oustacha est une calomnie tellement évidente qu'il n'est même pas nécssaire de la réfuter. Il distinguait toujours deux notions: le peuple; et les partis politiques. Ce sont des choses différentes. Il était également contre l'entrée des prêtres dans quelque! parti politique que ce soit. Il voulait qu'ils soient libres de tous et devant tous pour leur mission spécifique de prêtre. Il était fermement opposé à la formation de n'importe quel parti politique clérical. Dans la Circulaire no 8976/45 du 17 décembre 1945, il écrit aux prêtres: "Vous connaissez, honorés frères dans le sacerdoce, notre position en ce qui concerne l'activité des prêtres dans la politique. Dans les Circulaires des années 1935 à 1938 j'ai défendu, dans le sens des ordonnances claires du droit canonique, à tous les prêtres actifs de se présenter aux élections sur n'importe quelle liste. J'ai maintenu cette position en 1943 et j'y ai insisté dans mes sermons et je la maintiens encore aujourd'hui n'ayant pas de raisons de changer cette position. De cette manière j'ai voulu décliner toute responsabilité de l'Eglise dans l'activité politique publique de certains prêtres. Cela vaut aussi pour l'activité politique de chaque prêtre même aujourd'hui. Pour toute activité sur le plan politique chaque prêtre en porte personnellement la responsabilité."
Dans la même Circulaire il écrit aussi ceci: "L'Eglise hiérarchique demande de pouvoir accomplir sa mission et régler ses rapports avec les pouvoirs d'Etat comme représentante libre du Peuple de Dieu libre dans un Etat libre."