18. Sur les problèmes et les événements qui ont suivi la guerre il écrivit des lettres argumentées aux personnes les plus responsables dans la république de Croatie et dans la R.F. de Yougoslavie. Il commentait les propositions, montrait les événements déplorables et les graves infractions aux droits de l'homme. Il était sincère envers chaque pouvoir. Ce n'est sûrement pas un crime. Lorsqu'il était publiquement attaqué après la guerre parce qu'il recevait beaucoup de personnes qui demandaient son intervention pour les emprisonnés, les disparus, pour les condamnés à mort, dont le nombre n'était pas petit, il écrivit au président du gouvernement de la république de Croatie: "Je n'ai pu rejeter ni chasser ces hommes, comme je n'ai pas pu pendant quatre ans rejeter aucun des vôtres quand ils venaient demander d'intervenir pour eux" (Lettre à Bakaric le 2 août 1945).

Lorsque les représentants du Chapitre de Zagreb avec le vicaire général et 1 évêque Mgr Franjo Salis en tête, furent reçus par le Maréchal Tito à Zagreb le 2 juin 1945, ils lui ont donné entre autres ces données sur l'Archevêque :

a) Vous avez aujourd'hui dans votre gouvernement des hommes auxquels il a sauvé la vie par ses interventions.

b) Pendant la guerre il a nourri 7 000 enfants de partisans sans demander s'ils étaient Croates ou Serbes, catholiques ou orthodoxes.

c) Dans ses discours et interventions il a intercédé pour les Serbes, les Juifs et les Tsiganes et il a sauvé de nombreuses vies.

d) Il a parlé et protesté contre les lois racistes, contre les violences hypernationalistes, contre la prise d'otages et la pendaison de tant d'innocents." Etc.

19. Il y aurait encore beaucoup à dire, mais ici ce n'est pas possible. On pourrait répondre de manière détaillée et documentée à chaque affirmation et à chaque insulte de la dernière accusation. Cependant, laissons cela à l'histoire.

Ni l'archevêque Stepinac ni ses successeurs ne sont "un noyau étranger" qui "mène pour le compte d'un autre une lutte contre le peuple croate". Pas plus que "l'Eglise de Stepinac" n'est pas une autre Eglise que celle à laquelle nous croyons, c'est-à-dire l'Eglise une, sainte, catholique et apostolique; l'Eglise fidèle à JésusChrist et rassemblée autour des Successeurs de Pierre et de ses évêques; c'est l'Eglise incrustée dans l'être du peuple croate depuis déjà treize siècles accomplis; elle partage son destin, toujours avec lui, jamais contre lui. C'est l'Eglise qui a son origine en Jésus-Christ, notre Dieu et notre Sauveur; ce n'est pas une importation. La plus grande partie du peuple croate est cette Eglise.

Toujours fidèles à l'Eglise

20. De plus en plus souvent certains, en dehors de l'Eglise, nous donnent des leçons sur ce que l'Eglise, selon leur conception, devrait être qualifiée d'"Eglise conciliaire". Ce devrait être une Eglise anarchique du point de vue disciplinaire, sans croyance unique et sans principes moraux déterminés; une telle Eglise deviendrait rapidement sans liberté et sans dignité.

Nous ne renonçons pas à notre Eglise pour faire plaisir à personne, à notre Eglise telle qu'elle est dans son mystère et dans sa communion la plus parfaite. C'est l'Eglise identique à travers les siècles, l'Eglise que guide aujourd'hui Jean-Paul II. Dans ces années difficiles de l'après-guerre, à côté de tant d'évêques, de prêtres et de fidèles, à travers les prisons et les humiliations, six cardinaux ont témoigné pour cette Eglise : Josip Slipyj de Lavov, Stefan Wyszynski de Varsovie, Josip Beran et Stjepan Trochta de Prague, Jozsef Minszenty d'Esztergom, Alojzije Stepinac de Zagreb.

Nous ne nous considérons nullement arriérés si nous respectons ces témoignages et si nous aimons cette Eglise. Nous ne jouons aucun jeu, mais nous accomplissons notre devoir et nous restons fidèles à Dieu, à l'Eglise de Dieu et à notre conscience.

Dans sa Circulaire aux prêtres du 17 décembre 1945, l'archevêque Stepinac écrit: "Quoiqu'il advienne à l'avenir, nous n'avons rien à ajouter à notre défense. Notre défense est Dieu, une conscience pure, et le témoin est à côté de vous, vénérés frères dans le sacerdoce, c'est l'immense majorité du peuple fidèle et la délégation du Saint Siège à Zagreb."

Ainsi en lui s'accomplit la parole de l'Ecriture Sainte: a Heureux l'homme que n'accuse pas sa propre conscience et qui n'a pas renoncé à l'espérance" (Sir 14,2).