FRANCE - CROATIE | 7/23 |
Une autre unité, constituée dans des circonstances similaires, connaît un sort comparable : il s'agit d'un régiment de hussards, formé à Karlovac en 1813, dissous quelques mois plus tard (le 25 novembre, à Lyon), et dont les recrues sont tranférées à Bourges pour y constituer un bataillon de pionniers.
En vérité, les meilleures formations sont celles qui regroupent des soldats de métier, c'est à dire celles qui proviennent essentiellement de la Croatie Militaire. Dignes héritiers de l'ancien "Royal Cravate", ces régiments vont se rendre célèbres en Russie et y faire moisson de Légions d'Honneur. L'une de ces unités (le 1er régiment - 13e division) se fait remarquer au combat d'Ostrowno (25 juillet 1812) et à la grande bataille de la Moskova (6-7 septembre 1812) sous les ordres du général Delzons-(31). Le 15 septembre, les Croates entrent dans Moscou et certains occupent même Dmitrov. Lors de la retraite, ils s'illustrent encore durant les combats de la Bérézina (novembre 1812) où ils perdent dix officiers et 400 soldats (auxquels il faut ajouter 357 combattants morts de faim et de froid). On raconte même que ce sont eux qui permettent à l'empereur de franchir le fleuve, au gué de Westelowo- Studianka. Le ler janvier 1813, à son arrivée à Marienburg (Malbork), le régiment ne compte plus que 296 survivants auxquels l'empereur adresse le message suivant : "Hier, j'ai pu m'assurer de mes propres yeux de votre courage et de votre fidélité. Vous avez acquis la gloire immortelle et l'estime, et je vous place parmi mes meilleures troupes. Pour votre courage, je vous promets de vous accorder tout ce que vous me demanderez de bon droit lorsque nous serons de retour. Je suis satisfait de vous, très satisfait". Démobilisés en mai 1814-(32), la plupart de ces soldats regagnent leurs foyers pour un repos bien mérité ; ne demeurent en France que quelques officiers dont le fameux général Marko Sljivariĉ, comte de Heldenburg (1762-1815), qui prend le commandement de la place d'Antibes.
Pour clore le chapitre guerrier de cette période illyrienne, il faut encore préciser que plusieurs jeunes Croates viennent alors parfaire leur instruction dans les académies militaires françaises de Châlons et SaintCyr (33) ; il convient aussi de rendre justice aux officiers croates qui combattaient dans les rangs autrichiens et qui causèrent beaucoup de soucis à Napoléon lors des batailles de Lodi et de Rivoli. Sur le théâtre d'opération croate, ils se montrèrent tout aussi efficaces, comme ce maréchal Knezeviĉ qui libéra plusieurs villes en 1808, ou le général Tomasiĉ qui reconquit la Dalmatie après avoir battu Gauthier à Kotor (4 janvier 1813).
31. Le baron Alexis-Joseph Delzons (1775-
1812) a défendu Kotor contre les Russes
et délivré Lauriston encerclé
Raguse. Responsable de l'un des
arrondissements des Confins Militaires,
il a été gouverneur de Karlovac. Lors
la bataille de la Moskova, il s'illustra
en enlevant Borodino à la baïonnette,
contouma Moscou et occupa Dmitrov. Durant
la retraite, il commandait deux divisions
et douze régiments de cavalerie.
32. Assiégée dans
Magdebourg, la garnison
croate résista jusqu'au 23 mai
1814.