Cardinal Stepinac
LE CARDINAL STEPINAC: Martyr des droits de l'homme
M. Landercy

CHAPITRE X: DECLIN DE LA VIE

La santé se dégrade

D'après le témoignage de son médecin personnel en date du 22 mai 1958, le Cardinal Stepinac n'avait jamais été malade lorsqu'il était enfant. Quelques refroidissements seulement au cours de sa scolarité. Militaire en 1918, il eut une forte grippe. Etudiant, il était toujours en forme. Jeune prêtre, il passa une visite approfondie et fut examiné par deux médecins qui lui donnèrent un certificat d'excellente santé physique et mentale.

Une fois Archevêque-coadjuteur, on craignit pour lui la tuberculose; mais il n'en fut rien; il s'agissait seulement d'une souffrance morale en raison des événements.

En 1937, il eut une crise d'appendicite et fut opéré d'urgence le 17 août 1938.

Mais lorsqu'il arriva à Krasic, au départ de Lepoglava, le curé et les Soeurs remarquèrent sa pâleur et sa maigreur, bien que le Cardinal ait dit lui-même n'avoir jamais été malade durant ses cinq années de détention à Lepoglava.

En janvier 1952, il eut une otite, puis plus tard une bronchite. Mais selon le témoignage de son médecin personnel, au début d octobre 1952, il était en bonne santé. Au cours de l'été 1952, il alla même se baigner dans la Kupcina comme il le faisait étant enfant.

A la fin d'octobre 1952, il se sentit plus faible. Le 13 décembre, il ressentait les premières douleurs à la jambe gauche: c'était une thrombose. On le traita à la pénicilline et on lui enjoignit de se reposer le plus possible pour empêcher le sang coagulé dans la jambe de monter au coeur, ce qui eût été fatal. On décida de l'opérer. Le chirurgien devait garantir aux représentants du Gouvernement que l'opération réussirait. Le docteur Reisner la pratiqua le 14 décembre dans la chambre même du Cardinal à Krasic, où on avait apporté l'équipement nécessaire.

Comme patient, Mgr Stepinac était très obéissant. Ce qui l'attristait seulement, c'était de ne pouvoir célébrer la Messe. Pour Noël, le médecin retira les fils et le Cardinal put continuer à aller régulièrement à l'église mais sans pouvoir s'agenouiller.

Bien que, selon les médecins, sa jambe fût guérie, il ne retrouva plus la santé de jadis. En février 1953, il eut une grippe sérieuse accompagnée de toux. Les médecins conseillèrent un changement d'air, la côte Adriatique par exemple. Mgr Stepinac refusa; il craignait que le Gouvernement ne le laissât plus revenir à Krasic, qu'il soit alors séparé de ses fidèles et que le curé soit persécuté davantage.

Après la mi-avril 1953, le visage du Cardinal se couvrit de taches violacées qui se propagèrent rapidement sur les oreilles et sur la main. L'analyse du sang montra qu'il s'agissait de la maladie Morbus Vasquez, dont le traitement est long et compliqué et qui demande des rayons. Comme les moyens techniques n'existaient pas à Krasic, les médecins prévinrent le Gouvernement de la nécessité absolue de faire soigner le Cardinal à Zagreb. On lui ordonna aussi un régime sévère.

Le Cardinal ne se plaignait point. Il murmura seulement: "A l'homme arrivé à la fin de sa course, le Seigneur prend peu à peu tout ce qui est terrestre."

A l'étranger, on apprit aussitôt l'état de santé du Cardinal. L'Amérique surtout s'intéressait et compatissait. Entre le 17 et le 25 juillet, Mgr Stepinac reçut 30 télégrammes de différents Evêques Américains qui l'assuraient de leur prière. Cela lui fit plaisir et l'encouragea.

Mais sa santé se dégradait. De 6 000 000, les globules rouges étaient passés à 8 200 000: maladie rare et grave. Inquiets, les médecins proposèrent le traitement à Zagreb. Le Gouvernement était d'accord mais à condition que le Cardinal lui-même le demandât. Quand on lui en fit part, il refusa catégoriquement: a Même si je dois mourir, je ne leur demanderai rien."

Les médecins proposèrent des soins en Suisse. Il était d'accord mais à condition d'avoir la certitude absolue de pouvoir revenir à Krasic. Qui pourrait lui donner une telle garantie? Malgré ce doute, ses médecins voulaient le persuader de partir se soigner à l'étranger. Mais il répondit tranquillement: "Tout est entre les mains de Dieu. Si le Seigneur a besoin de moi, il me donnera la santé, sinon pourquoi demanderais-je alors des soins coûteux pour notre Eglise et notre peuple?"

En ces jours-là, il reçut une lettre d'une dame de France:

"Dès que j'ai appris votre maladie, disait-elle, je prie chaque jour avec mon fils, pour Vous et pour votre rétablissement."

Le Cardinal remarqua: "Voilà, c'est cela qui nous tient à coeur! La prière des fidèles. Voilà ce que c'est que l'Eglise universelle!"

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