Cardinal Stepinac
LE CARDINAL STEPINAC: Martyr des droits de l'homme
M. Landercy
"Reposer dans un tombeau doré ou être enterré dans une fosse commune comme tous les autres détenus, cela n'a pas d'importance, disait-il; au jour du jugement, chacun apporte seulement ce qu'il a fait de bien."

Dans le but de décourager un peu plus Mgr Stepinac, on créait de grosses difficultés à sa soeur; on la prenait pour cible ainsi que son fils qui fut même torturé et en perdit l'équilibre psychique au point de nécessiter l'internement.

Les visiteurs de l'Archevêque étaient rares et les visites, très surveillées, se passaient en présence de trois personnes de la Direction. Tout ce qu'on disait était pris en sténo. Avant de rencontrer l'Archevêque, on leur donnait des consignes précises sur les sujets d'entretien permis. Le moindre mot en plus mettait fin à la visite.

Le monde entier s'intéresse

A la fin de 1947, et au début de 1948, l'intérêt porté à Mgr Stepinac, à l'étranger, allait grandissant. On faisait pression sur le Gouvernement yougoslave pour qu'il accorde au moins davantage de droits de visites à l'Archevêque. Mais, avant chaque visite, c'était les mêmes consignes et on dictait à Stepinac ce qu'il pouvait ou ne pouvait pas dire. Les visites étaient ainsi réduites à un simple entretien de politesse.

Chaque parole, chaque déclaration de l'Archevêque étaient déformées pour qu'il paraisse, aux yeux du monde, comme un criminel de guerre et un collaborateur de l'occupant.

Un jour, une importante délégation étrangère demanda à voir Mgr Stepinac. La direction de la prison, ne pouvant pas refuser, usa d'un stratagème: elle déguisa un de ses membres qui ressemblait vaguement à l'Archevêque et le présenta comme étant celui-ci; il fit évidemment toutes les déclarations qui étaient désirées par la Direction. La délégation repartit après l'entretien, persuadée d'avoir rencontré Mgr Stepinac.

Au cours de ses promenades, il avait toujours des miettes de pain pour les oiseaux et les pigeons. Les moineaux finissaient par le connaître et se perchaient sans crainte sur ses épaules, chantant de plus belle quand il passait. Ils entraient même dans sa cellule par la fenêtre. Les détenus qui le voyaient disaient: les oiseaux reconnaissent un saint et vont vers lui. La Direction, entendant ces propos et constatant le plaisir que prenait l'Archevêque à ce manège, voulut détruire les pigeons; alors, pour les éloigner, il n'apporta plus de miettes.

La Foi était son rempart contre le désespoir. Ne pouvant plus servir le Christ en s'occupant de ses fidèles, il le faisait par la prière et la souffrance silencieuse. Son esprit restait libre. A la dernière page de son agenda de 1945, il écrivait: "Omnia ad majorem Dei gloriam, et il ajoutait: ma prison aussi." Tout à la plus grande Gloire de Dieu!

Krasic, en détention surveillée

A la fin de 1951, la radio transmit une nouvelle, venant de Paris, que le Gouvernement yougoslave allait permettre à l'Archevêque de sortir de prison mais pour l'assigner à résidence forcée dans son village natal de Krasic. Les U.S.A. avaient fait une telle pression sur le Gouvernement de Belgrade que ce dernier se vit obligé d'accorder cette liberté très relative à Mgr Stepinac. Le curé de Krasic, l'abbé Josip Vranekovic, ayant appris la nouvelle, essaya de rendre le presbytère aussi accueillant que possible. Mais il était continuellement interrogé par UDBA (UDBA remplaçant OZN- a) la Police secrète yougoslave, si bien qu'il craignait d'être emmené en prison!

Entre-temps, Mgr Stepinac poursuivait sa vie de prisonnier à LepogIava, sanctifiant ses journées dans la prière: In Te, Domine, speravi. Le 19 octobre 1951 marquait le So anniversaire de son arrivée à la prison.

Le 5 décembre, sur l'ordre du Ministère de l'Intérieur de la République Populaire de Croatie, Mgr Stepinac était transféré à Krasic, en liberté conditionnelle, jusqu'à la fin de sa peine, c'est- à-dire jusqu'au 18 septembre 1962. Il ne pourrait pas quitter le territoire de Krasic sans la décision expresse du Ministère.

L'Archevêque était persuadé qu'un jour viendrait où son procès du 11 octobre 1946, qui était en fait, un procès contre l'Eglise catholique, serait annulé par un Gouvernement plus honnête.

Au moment de son départ, le directeur de la prison lui demanda s'il avait quelque chose à redire sur le traitement qui lui avait été infligé pendant sa détention à Lepoglava, s'il avait à se plaindre de quelque chose. "Non, répondit-il, je ne me plains de rien ni de personne, mais sachez qu'il y eut des moments très amers. "

Un employé du Ministère vint prévenir officiellement le curé de Krasic de l'arrivée prochaine de Mgr Stepinac, mis en liberté conditionnelle, ce qui impliquait l'interdiction de s'éloigner de Krasic sans la permission expresse du Ministère.

A Krasic, on s'activait et l'émotion était grande. L'Archevêque arriva, accompagné par un gardien de la prison et un employé du Ministère. Il était pâle, épuisé, amaigri.

Tout de suite, il ouvrit ses deux grandes valises. Il en sortit 12 dossiers de Vies de Saints qu'il avait traduites et prévues pour les homélies de toute une année. Puis sermons, commentaires des litanies de la Mère de Dieu, de Saint Joseph, du Saint Nom de Jésus, du SacréCoeur, ainsi que des homélies pour les dimanches et fêtes de toute une année. Il sortit aussi de ses valises un grand nombre de modèles de sermons qu'il avait recueillis dans les livres à Lepoglava.

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