Fin de la deuxième guerre
Au début de 1945, les Russes envahissent l'Allemagne qui ne va pas tarder à perdre la guerre. Les Allemands se retirent des Balkans et de la Croatie. Quant aux partisans, ils gagnaient de plus en plus de terrain.
Terrifiés, les Croates se repliaient par centaines de milliers vers l'ouest, vers l'Autriche et l'Italie, à l'avenir incertain.
A Belgrade s'installa le Gouvernement issu de l'accord Tito-Subasic, ce dernier étant rentré de Londres. De son côté, A. Pavelic faisait fusiller les prisonniers. Mgr Stepinac intervenait sans arrêt auprès de lui pour arrêter ces horribles représailles.
L'Archevêque souffrait et agissait pour essayer, pendant ce temps, de sauver Zagreb. Les Allemands voulaient, par vengeance, faire sauter toute la ville: ils avaient déjà installé des mines dans les égouts. Après de longs et difficiles pour parlers, l'intervention de l'Archevêque réussit: ils finirent par enlever les mines avant leur départ.
Aussitôt après, comme les partisans communistes voulaient prendre la ville, il fallait persuader le général des Oustachis, Luburic, de ne pas défendre Zagreb jusqu au dernier homme, comme il en avait le dessein. Là aussi, Mgr Stepinac réussit à sauver la capitale de la Croatie.
Mgr Stepinac à qui on recommandait de partir répondait: "Quoi qu'il arrive, je reste avec mon peuple et j'attends".
Le 8 mai 1945, jour de son anniversaire, l'armée des partisans entrait à Zagreb.
Les interrogatoires commencèrent. On enleva la croix du mur des classes, on abolit la prière à l'école. Les chapelles des Institutions religieuses furent transformées en dortoirs. La propagande athée se répandit partout. La jeunesse et les employés durent travailler le dimanche et les jours de fête de 9 heures à midi; on les empêchait ainsi d'assister à la Messe qui, à l'époque, ne se célébrait que dans la matinée. On emprisonna les prêtres et les Evêques.
Premier emprisonnement de l'Archevêque Stepinac
Selon le témoignage de l'abbé Stephane Lackovic secrétaire de Mgr Stepinac, l'Archevêque fut emmené en prison à la suite d'une duperie des communistes, le 17 mai 1945:
"Ce jour-là, vers 11 h 45, un colonel de l'armée de Tito se présenta, sous le nom de colonel Knezevic, au secrétariat de l'Archevêché. Il me demanda de l'introduire auprès de l'Archevêque. Après l'avoir annoncé à Mgr Stepinac, je le conduisis dans son cabinet de travail. Je patientai alors dans l'antichambre car le colonel devait ressortir un quart d'heure après. Au bout de cinq minutes, je fus très surpris de voir déjà le colonel ressortir en compagnie de l'Archevêque. Monseigneur portait une simple soutane noire et il prit son imperméable et son chapeau.
- "Mais, Excellence, où allez- vous? demandai-je, Monsieur le colonel m'a dit qu'il sollicitait de vous une courte audience..."
Paisiblement l'Archevêque répondit: "N'en parlons pas maintenant; ils me convoquent dans leur bureau; le colonel m'assure que je serai de retour dans une demi-heure."
Toujours consterné, j'ai répondu que nous retarderions le repas de midi jusqu'à son retour. Le colonel confirma que l'Archevêque serait rentré à l'Archevêché dans une bonne demi-heure.
12 h 30, l'heure du repas est passée... 13 h... 14 h passent aussi. Vers 14 h 30, le même colonel revient avec un bout de papier sur lequel l'Archevêque demandait son bréviaire, quelques médicaments et son sac de toilette.
Plein d'amertume, je dis au colonel: "Il est honteux et malhonnête d'interner notre Archevêque à la suite d'une telle tromperie. Même les nazis, pendant la guerre, n'osaient pas agir ainsi! Et vous nous parlez de libération des nazis ! Quelle est cette libération?" - J'ai pensé, qu'après ces reproches cinglants, ils m'emprisonneraient aussi.
Le colonel a seulement répondu: "Voulez-vous donner les choses demandées ou non? Je m'en vais..."
Naturellement, j'ai donné tous les objets demandés, mais j'ai répété que les nazis n'auraient pas osé agir de la sorte contre l'Archevêque de Zagreb.
Vous, les communistes, lorsque vous étiez dans le maquis, vous avez glorifié l'Archevêque comme défenseur des Droits de l'Homme parce qu'il avait publiquement condamné le système nazi! J'ai ajouté que j'espérais revoir Mgr Stepinac ce soir même, à l'Archevêché. Malheureusement cela n'arriva pas.
Mais, tard dans la soirée, un officier communiste vint me trouver. II me tendit un nouvcau bout de papier, sur lequel l'Archevêque demandait sa nourriture de régime et encore des médicaments ainsi que son pyjama.