Cardinal Stepinac
LE CARDINAL STEPINAC: Martyr des droits de l'homme
M. Landercy
Un jour par exemple, il reçut la visite d'un officier serbe qui lui dit:

"Je suis envoyé par le général Mihaïlovitch pour porter une lettre au général italien à Zagreb... Après avoir été accompagné, j'ai dû patienter quatre jours à l'hôtel Esplanade. Fatigué d'attendre, j'ai ouvert la lettre et, en la lisant, j'ai rougi de honte et décidé de ne pas la porter à son destinataire mais de vous l'apporter à vous, Monseigneur... Qu'elle soit conservée pour l'histoire! Quant à moi, qu'il m'arrive n'importe quoi... "

- Vous souvenez-vous du contenu de cette lettre, Monseigneur? demanda I. Mestrovic.

- Bien sûr, je me souviens de chaque mot.

Mihaïlovitch, chef des Tchetniks, royalistes serbes, propose aux Italiens une collaboration plus étroite parce que leurs vues sont identiques: "Votre but est d'exterminer les Croates en Dalmatie, et le nôtre est de les exterminer en Bosnie-Hertzégovine."

Mgr Stepinac fit aussi part à I. Mestrovic des menaces dont il était l'objet de la part des nazis.

Les conditions d'une paix durable

Après les Conférences de Carême données aux étudiants de Zagreb par le Père Jésuite Ivan Kozelj, l'Archevêque devait, dans la Basilique du Sacré-Coeur, prononcer une homélie finale, attendue avec grand intérêt pour le 18 mars 1945.

Un peu avant, il avait reçu la visite d'un officier partisan en civil qui lui dit:"Les Allemands sont en train de perdre la guerre. Faites attention à ce que vous allez dire aux étudiants!"

Mgr Stepinac répondit: "L'Archevêque de Zagreb dira ce qu'il doit dire. Il ne demandera de permission à personne comme il n'en a jamais demandé à aucun gouvernement."

Le moment venu, l'Archevêque aborda le thème de la paix et des conditions requises pour qu'elle soit durable.

Après avoir évoqué une ancienne coutume éthiopienne qui consistait à éteindre ses feux et à les rallumer au feu du chef de clan, Mgr Stepinac continuait:

"Quel bonheur ce serait si tous les hommes éteignaient en leur ooeur le feu de la haine pour rallumer celui de l'amour puisé au Coeur de Dieu, que Jésus a apporté au monde (Lc 12,43)... Après 5 ans de destructions et de massacres, il est normal que vous vous posiez la question de savoir quelles sont les possibilités d'une paix durable pour l'humanité...

Pour répondre à cette question, il faut comprendre â ce qu'est la paix.

Est-ce la paix que l'écrasement par les armes de petits peuples par les grands qui se sont mis d'accord pour le faire?

Est-ce la paix qu'une classe de la société s'empare de la dictature par le glaive et le feu et laisse s'étein dre les autres pourtant majoritaires?

Est-ce la paix qu'on tue impunément, sans avoir! de comptes à rendre, les intellectuels, les prêtres et les citoyens qui ont une opinion politique contraire?

Est-ce la paix qu'on rende impossible toute activité de l'Eglise sous le seul prétexte qu'Elle n'a pas le droit de faire de la politique?

Une telle paix ne serait qu'une guerre latente qui fixée dans le coeur des hommes, pourrait éclater à nouveau et causer les meurtres et les destructions dont nous sommes témoins aujourd'hui.

Saint Augustin a donné la vraie définition de la paix: "Pax omnium rerum tranquillitas ordinis": La paix de toutes choses, c'est la stabilité de l'ordre.

Si nous voulons une paix durable, elle doit réaliser cette triple condition: respecter les droits de Dieu, préserver la propre dignité de l'homme et respecter les droits des autres, ceux des individus comme ceux des groupes, peuples ou Etats qui ne sont qu'un ensemble de personnes où chacune a ses droits.

Saint Paul déjà (Tit 2,12) nous invite à vivre dans le siècle présent avec tempérance et maîtrise de soimême, avec justice envers les autres et avec piété envers Dieu.

Il est triste et incompréhensible de voir les communistes nous avertir avant leur arrivée, qu'ils ne s'opposeront pas à la Foi, mais en même temps, de constater que dans les territoires qu'ils ont conquis, ils rendent impossible l'instruction religieuse dans les écoles, introduisent le mariage purement civil, réquisitionnent les institutions scolaires de l'Eglise et, de plus, tuent les prêtres. Ils osent dire qu'ils agissent de la sorte par un verdict du peuple! Jusqu'à présent, nous n'avons pas parlé ouvertement de tout cela; nous en avions des raisons graves. Mais le temps viendra où l'Histoire sera connue et tous les mensonges démasqués.

Nous ne sommes pas troublés par les menaces 101 ni par les attaques contre l'Archevêque de Zagreb qu'on veut mettre au nombre des criminels de guerre.

Que tous sachent que l'Archevêque garde la tête haute, quoi qu'il arrive, car sa conscience est tranquille.

En même temps, nous ne craignons pas de dire que le peuple croate va refuser tout régime, d'extrême gauche ou d'extrême droite, qui ne respecterait pas sa tradition catholique plus que millénaire.

Un tel régime ne représenterait qu'une infime minorité qui pourrait peut-être prendre le pouvoir par la force, mais un tel pouvoir ne peut être le fondement d'une paix durable."

Lettre pastorale du 24 mars 1945

Dans leur lettre aux fidèles au moment de la Conférence des Evêques croates en mars 1945, les Evêques justifient leur position contre tout terrorisme et pour une justice du pouvoir, ils rejettent le communisme qui les accuse d'avance d'être des "criminels de guerre".

Ils soulignent aussi le droit du peuple croate à la liberté et à l'indépendance, ce droit auquel le peuple croate n'a pas renoncé depuis 1.300 ans. Les Evêques catholiques croates, disent-ils, respectent ce droit que Dieu donne à leur peuple, et qui est conforme à la justice et au droit international.

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